





Le mot « glissement » est la nouvelle trouvaille du vocabulaire politique R.D. Congolais. A entendre les politiciens congolais l’utiliser en temps et en contretemps, on peut penser que le glissement du calendrier électoral a comme seul péché de retarder la tenue des élections présidentielles et législatives en novembre 2016. Loin de là. Dans cet article, nous voulons démontrer que le fameux glissement sert, par-dessus tout, la balkanisation de l’Est de la R.D.Congo voulue irréversible avant novembre 2016, qu’il y ait élections ou pas.
Sachant que les politiciens congolais adorent la palabre, le dialogue, et le partage facile du pouvoir, le faux-vrai problème du glissement du calendrier électoral et le débat houleux qui en résulte, sert à occulter de la scène nationale et internationale le débat sur la poursuite des massacres des populations civiles au Kivu-Ituri et le déferlement massif en R.D.Congo des populations en Provenance du Rwanda par l’Ile d’Idjwi, les territoires de Kalehe, Masisi, Lubero, Beni… jusqu’en Ituri.
Selon le plan du balkanisateur, les élections devraient avoir lieu à la fin de l’occupation effective du Kivu-Ituri par des populations rwandaises. De ces populations rwandaises sortiraient des candidats à toutes les élections prochaines (locales, provinciales, nationales, présidentielles) en R.D.Congo. Profitant du bourrage des urnes comme en 2011, les candidats de ces occupants qui arrivent du Rwanda avec des cartes d’électeurs congolais, gagneraient la majorité des sièges pour contrôler l’exécutif de quatre provinces du Kivu-Ituri, à savoir, l’Ituri, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, et le Maniema. A titre illustratif, on compte à l’heure actuelle deux rwandais candidats à la députation provinciale dans la chefferie Banyali-Tchabi/Boga en Ituri. Si ce projet abouti, les assemblées provinciales du Kivu-Ituri qui sortiraient du mascarade électoral de 2016 initieraient au cours de leur mandat un referendum d’autonomisation du Kivu-Ituri pour frayer une voie d’apparence démocratique à la balkanisation du Kivu-Ituri.
Ainsi, les politiciens congolais, les élus actuels, ainsi que les candidats aux prochaines élections, doivent cesser de se laisser prendre au piège du seul glissement du calendrier électoral et du dialogue d’où Etienne Tshisekedi se voit déjà sortir avec son imperium jusqu’ici confisqué par Joseph Kabila. Le grand danger qui guette le peuple congolais s’appelle ‘balkanisation de la R.D.Congo’. Il serait dommage que les politiciens et les élus du peuple congolais perdent leur temps à gloser sur le glissement et le dialogue en prenant pour anodin l’entrée massive des populations rwandaises au Kivu-Ituri ainsi que la poursuite des massacres des populations congolaises dans la même région. Le vrai dialogue de ce moment aurait comme thème central « l’entrée massive des rwandais en RDC et la poursuite des massacres des populations congolais au Kivu-Ituri ». Pour arriver à ce but, les politiciens congolais ainsi que les élus du peuple doivent cesser de s’adonner à la « politique du ventre » pour travailler avant tout à l’avènement d’une politique d’auto-détermination du peuple congolais.
L’histoire récente de la R.D.Congo démontre à suffisance qu’un nième dialogue ou partage de pouvoir avec le régime de Joseph Kabila n’apporterait rien d’autre que donner du temps à la poursuite de la mission de balkanisation de l’Est de la R.D.Congo. Selon toute évidence, le plus grand problème auquel la R.D.Congo fait face depuis 1996, date du début de l’agression rwando-burundo-ougandaise, s’appelle balkanisation ou morcellement du territoire national R.D. Congolais en petits états au profit de certaines grandes puissances et multinationales minières.
Les chantres de cette balkanisation qui devrait être précédée par une délocalisation voire un génocide des populations congolaises du Kivu-Ituri sont américains, sud-africains, belges, anglais, français, etc. Pour tenter de justifier l’assaut sur l’intégrité territoriale de la R.D. Congo, ces vuvuzélateurs de la balkanisation avaient écrit des articles dans des grandes revues politiques d’Occident pour dire que la R.D.Congo n’est pas une nation mais un simple amalgame des tribus n’ayant rien en commun dans le passé comme dans un avenir proche (« There is no Congo » by Jeffry Herbst and Greg Mills…).
Le stratège de l’extrême-droite américain du nom de Walter Kansteiner avait fait un rapport aux décideurs américains dans lequel il démontrait que l’heure était venue de démembrer le Congo en plusieurs petits états selon des critères ethniques et avec comme méthode, la migration forcée des populations (cfr. Source internet: http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31&Itemid=74&jumival=2986).
Herman Cohen, ancien sous-secrétaire d’état américain aux affaires africaines, avait dit dans sa proposition de paix à Barack Obama pour la RDC, qu’il fallait intégrer l’économie de la RDC dans le marché de l’Afrique de l’Est, c’est-à-dire le Rwanda, l’Ouganda, le Kenya, et la Tanzanie. Nicolas Sarkozy n’avait pas dit le contraire dans ce qu’on appela alors le plan de paix de Sarkozy pour la RDC selon lequel les congolais devraient accepter que le trop plein des rwandais soit déversé dans les verts pâturages du Kivu. Pour avoir la paix, les congolais doivent accepter de partager leurs multiples ressources avec leurs voisins de l’Est…
Selon Théodore Trefon un chercheur belge de MRAC Tervuren qui a fait le tour des USA pour vendre l’idée de l’échec de la réforme congolaise, « le démembrement de la RDC n’est abandonné actuellement qu’ à contrepartie d’une garantie faite aux multinationales qui utilisent le Rwanda et l’Ouganda pour piller les richesses minières congolaises que l’Est de la RDC resterait jusqu’à l’expiration de leurs contrats miniers sous l’emprise du Rwanda et de l’Ouganda. » (Propos tenus lors de sa Conférence à Boston University, African Studies Center, Lundi 22 Février 2010 sous le titre: » Reform failure in the Congo »).
Partant de la conquête éclair de la République du Zaïre par les troupes de l’AFDL (octobre 1996-Mai 1997), les balkanisateurs avaient pensé que leur tache serait facile.
Mzee Laurent Désiré Kabila fut le premier à administré un cinglant démenti aux balkanisateurs qui pensaient qu’il n’y avait pas de nation congolaise. L’échec de la prise de Kinshasa en Août 1998 par des forces rwandaises aéroportées de Goma jusqu’à Kitona au Bas-Congo était une des preuves de l’existence d’une nation congolaise unie derrière l’intégrité de son territoire national.
Après l’échec de la Prise de Kinshasa, ce fut l’occupation de l’Est de la R.D. Congo (2 août 1998) avec comme capitale Goma. En dépit de la militarisation de l’Est de la R.D.Congo par les armées du Rwanda, Burundi, et Uganda sous-couvert la rébellion du RCD-Goma, le peuple congolais dans son ensemble déclencha une véritable guerre de résistance non-violente contre ses agresseurs au point qu’il fut impossible à ces derniers de coloniser durablement les territoires occupés. Mzee LDK soupçonné d’être l’âme de cette résistance farouche fut abattu un certain 16 janvier 2001 dans son Palais de Marbre de Kinshasa par des assassins dont le procès piétine toujours 15 ans après.
Après l’assassinat du Héros National Mzee LDK, les cerveaux-moteurs de la balkanisation inventèrent le dialogue intercongolais. Le but de ce dialogue était de mettre au pouvoir à Kinshasa un homme de paille qui permettrait le contrôle des institutions nationales et une balkanisation en douceur de la R. D. Congo. Plusieurs stratégies furent inventées tour à tour pour accomplir cette sale besogne : un gouvernement 1+4, brassage puis mixage des rebelles pro-rwandais dans l’armée, la police, et l’ANR ; amnistie des rebelles pro-rwandais réfractaires au brassage/Mixage ; intransigeance des rebelles du RCD-Goma, CNDP, M23, etc.
Après la neutralisation du M23 qui était supposé être le dernier cheval de bataille du balkanisateur, l’assassinat ignoble du Colonel Mamadou Ndala à Beni, et la mort étrange du Général Bauma qui venait de déclarer en avril-mai 2014 la victoire sur les rebelles ougandais de l’ADF/NALU, on a assisté en territoire de Beni à partir du mois d’octobre 2014 à des massacres odieux avec une violence jamais vue dans l’histoire de la R.D. Congo. Notez que ces massacres odieux étaient attribués par Kinshasa aux ADF/NALU anéantis quelques mois auparavant par les troupes du Général BAUMA.
Après trois mois des massacres, les populations locales ainsi que les associations de la société civile conclurent que les tueurs n’étaient pas des rebelles ougandais de l’ADF/NALU mais des éléments d’une nouvelle force au service de la balkanisation, laquelle force aurait, selon les témoins et les survivants des massacres, des complices dans l’armée, la police et les services de sécurité de la RDC. Le régime de Kinshasa réfute jusqu’à nos jours cette hypothèse, raison pour laquelle, les populations locales réclament à cor et à cri une enquête internationale indépendante pour tirer au clair les mobiles ainsi que l’identité des tueurs des civils en Ville et territoire de Beni.
Selon des sources proches des services de renseignement de la R.D. Congo, les massacres de Beni avaient comme but de faire fuir les Nande de la région où ils exercent une résistance sans pareille aux balkanisateurs. Cette mission ayant échoué en dépit de plus de 1000 assassinats, l’ennemi balkanisateur se préparerait à déplacer l’épicentre des massacres des Nande de Beni à Kanyabayonga au Sud du Territoire de Lubero pour obtenir ce qu’il n’a pas obtenu à Beni.
Bref, la voie du dialogue politique et des élections n’ayant pas réussi à matérialiser en douceur la balkanisation de la RDC, voyant venir à grands pas la fin du mandat constitutionnel de Joseph Kabila qui a bien couvert de l’intérieur et pendant 15 ans les grandes enjambées sournoises mais sûres de la fragilisation de l’Etat congolais pour permettre une balkanisation de la RDC, sachant que la fin du mandat de Joseph Kabila en décembre 2016 sonnerait à coup sûr le glas de la balkanisation de la R.D. Congo, on peut affirmer sans peur de se tromper que le glissement du calendrier électoral sert de rallonge à l’œuvre de la balkanisation de la R.D.Congo qui n’a jamais été aussi près du but comme aujourd’hui. Le temps qui nous sépare de décembre 2016 est ainsi crucial pour les congolais qui doivent défendre par tous les moyens l’intégrité territoriale de leur pays, la R.D. Congo.
Les appels au dialogue entre politiciens R.D. Congolais sont ainsi une distraction au service du glissement du calendrier électoral. La constitution de la R.D. Congo est explicite : Tout président de la République doit laisser son fauteuil à un autre après deux mandats. En d’autres termes, pour reprendre les mots des vrais opposants au régime actuel, Kabila doit partir du pouvoir en décembre 2016. Son départ aurait comme effet immédiat la fin des massacres des populations civiles dans les territoires limitrophes des pays agresseurs (Rwanda-Burundi-Ouganda), la fin des exactions attribuées faussement aux FDLR, ADF/NALU, LRA, -Mai-Mai, le retour de la paix et la vraie indépendance politique et économique de la R.D. Congo.
Kasereka Kalondero
Cleveland-OHIO/USA
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