





Le débat opposant les camps ayant partagé « le pouvoir » dans notre pays depuis 1996 (et leurs alliés) autour de la révision constitutionnelle connaît une effervescence telle que certains observateurs de la scène politique congolaise croient que notre pays est « très mal reparti ».
Les dernières sorties médiatiques du Professeur Auguste Mampuya, l’une des intelligences confirmées de notre pays en droit constitutionnel, indiquent, rationnellement, que la majorité présidentielle avalisant la révision constitutionnelle est beaucoup plus motivée par le goût de la mangeoire que par l’intérêt général. Son dernier article intitulé « Au feu ! L’article 220 violé » (dans Le Potentiel de ce jeudi 12 janvier 2011) démontre comment les 350 députés de l’AMP ont étalé leur ignorance dans l’interprétation de certains articles de la Constitution de 2006. Dans cet article, Auguste Mampuya invite le Sénat Congolais à ne pas sombrer dans les mêmes travers que l’Assemblée nationale. Celui qui a lu les trois ou quatre derniers articles d’Auguste Mampuya ne doutera pas de son érudition.
Néanmoins, en le lisant, on sent qu’il sait que ses interlocuteurs directs ne font pas du fondement scientifique et/ ou juridique de « leurs coups tordus » une préoccupation majeure. Du moment qu’ils peuvent toucher « leur per diem », ils se contentent d’être des borgnes au royaume des aveugles. Auguste Mampuya sait, comme plusieurs de ses amis siégeant au Parlement, que la majorité présidentielle vote presque toujours en suivant « la discipline des dollars proposée par la haute hiérarchie ».
Quand, dans son interview à De Morgen, Vital Kamerhe soutient que Joseph Kabila et les siens utilisent le pouvoir pour s’enrichir et qu’il a fait pire que Mobutu, il donne un témoignage d’un « confident du Raïs ». Un témoignage permettant de comprendre davantage la discipline de vote de l’AMP.
Il est étonnant que le débat politique et juridique sur la révision constitutionnelle ne puisse pas intégrer, suffisamment, des éléments de l’histoire immédiate de notre pays et celle de notre sous-région. Le débat se fait comme si le Congo (RD) était une île au cœur de l’Afrique des Grands Lacs. Etonnant !
Quand les USA et leurs alliés décident de se débarrasser de Mobutu, ils se choisissent deux nouveaux « kind of Guy», Kagame et Museveni, ils cherchent à diriger notre pays à partir du Rwanda et de l’Ouganda. La guerre de l’AFDL s’inscrit dans ce contexte. Les institutions actuelles du pays sont les émanations de la perte de l’initiative congolaise et du choix américain pour Kagame et Museveni. Pas plus tard que lundi 10 janvier 2011, le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom) était en visite à Kigali. Pourquoi ? « Je suis ici, a-t-il dit, sur les ondes de la Radio Rwanda, pour féliciter et remercier le peuple du Rwanda et ses forces de défense pour leur rôle dans les efforts visant à ramener la paix dans la région, sur le continent et dans le monde ». Laissant tomber les masques, « il a réaffirmé (son) « soutien continu à la coopération » entre les Etats Unis et le Rwanda, en vue d’un monde plus stable, une Afrique plus stable et une région plus stable ». Ces déclarations sont intervenues après que l’ONG britannique Global Witness ait accusé Kigali de poursuivre le pillage des matières premières de notre pays et qu’une étude de Crisis Group ait affirmé que les interventions conjointes de l’armée rwandaise et congolaise( ?) à l’Est de notre pays n’y ont pas ramené la paix ; elles ont été un échec. (Nos compatriotes de l’Est n’ont jamais démenti cette étude et le site de Benilubero a dressé dernièrement une longue liste de martyrs de cette guerre d’agression.) Disons que les réalités sur terrain démentent (comme d’habitude) le discours officiel du général américain et attire notre attention sur le rôle que les USA font davantage jouer à Paul Kagame.
Que le débat congolo-congolais sur la révision constitutionnelle fasse l’économie de cette donne géopolitique et géostratégique, c’est vraiment étonnant ! Qui sait ? Ce débat pourrait être une diversion pour détourner les Congolais(es) de l’avancement du projet de balkanisation de leur pays au profit du marché de l’Afrique de l’Est.
A l’école de ses parrains, Paul Kagame et les siens auraient appris à travailler sur le long terme. Son Cheval de Troie, l’Autorité Morale de l’AMP, aussi. Il toujours intéressant de relire le plan concocté par un groupe de Tutsi pour la colonisation du Kivu (et du Congo) vers les années 60 pour comprendre ce qui se passe à l’Assemblée nationale aujourd’hui. Ce plan détaillé en 18 points dit ceci au 18ème : « Nous devons lutter contre les Wanandes et les Hutu (Bantou) qui s’opposent à Jean Muriho en nous servant des Hutu (Bantou) naïfs. Profitons de cette cupidité des Hutu. Offrons-leur de l’alcool et de l’argent. Ne regardons pas ce que nous dépensons car nous avons suffisamment d’argent. » (C. ONANA, Ces tueurs Tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise, Paris, Duboiris, 2009, p.95)
Prétendre que le Congo n’a pas d’argent pour organiser un deuxième tour de l’élection présidentielle après s’être enrichi illicitement de la pire manière que Mobutu (pendant plus de trois décennies), corrompre les députés provinciaux ou nationaux(naïfs et/ou adeptes de la culture de la cueillette !) de son propre camp (et du camp en face) chaque fois qu’une décision sérieuse ou un choix critique doit être opéré et faire une proposition bidon pour conserver un pouvoir (os) qui n’est pas au service du peuple, tout ceci s’inscrit dans une histoire officielle dont l’enjeu est la confiscation de la souveraineté nationale et de l’initiative historique aux Congolais(es). Participer au débat actuel en oubliant notre histoire réelle telle qu’elle se fait depuis que les USA et leurs alliés ont introduit Paul Kagame et Yoweri Museveni dans leur réseau transnational serait, à notre avis, une bêtise. Surtout maintenant qu’ils ont laissé tomber les masques et qu’Africom les aide à avoir accès aux matières premières stratégiques dans la région des Grands Lacs. Dieu merci ! Nos minorités organisées ont tout compris et ont opté pour la culture de l’étude, du travail en synergie et de la résistance. Un jour, elles vont surprendre le monde!
J.-P. Mbelu
Brussels-Belgie
©Beni-Lubero Online





