





Quand nous disions que certains politiciens congolais se caractérisent par un manque de volonté politique, il y a eu des compatriotes qui nous ont reproché de vouloir prêter inutilement des intentions… Malheureusement ce que nous craignions est finalement arrivé !
Le peuple congolais sera encore une fois privé de son droit de voter. Quelle horreur ! Pourquoi en R.D. Congo on va de violation à violation ?
Pour rafraîchir nos mémoires:
– En 2006, lors des «premières» élections historiques, les locales et municipales ont été laissées comme arriérées électorales;
– En 2011, les provinciales s’y sont ajoutées ;
– En 2016, comme si cela était normal, on laisse tout tomber…
Le dialogue du 18/10/2016 puis celui du 31/12/2016 accordent une année de grâce au président qui venait de perdre toute légitimité. Et conformément à l’accord issu du dernier dialogue, les élections devraient impérativement se tenir avant la fin de l’année 2017. Ceux qui y croyaient fermement n’ont peut-être pas compris qu’il s’agissait là d’une nouvelle stratégie du pouvoir…
Pouf!
La CENI a révélé vendredi 7/07/2017 la vraie carte des hommes au pouvoir : «Il n’y aura pas d’élections en 2017» (même pas celle du chef de Nyumba 10)! À suivre l’interview que le Président de la centrale électorale a accordée à la RFI et diffusée mardi 11/07/2017, Corneille Nanga n’a jusqu’ici annoncé aucune moindre projection d’une quelconque date de la tenue des élections en RDC. Comme qui dirait : «Il dirige une cuisine dont la nourriture se prépare ailleurs».
Au regard de la situation socio-économique très critique, désastreuse et humiliante au pays, la thèse d’une manœuvre dilatoire favorable à la classe dirigeante se confirme de plus en plus. En effet, les tueries au KIVU-ITURI et dans le Grand KASAI, les destructions méchantes des édifices publics et privés, les incendies des villages, la présence massive et incontrôlée des groupes armés dans plusieurs coins du pays… sont autant de prétextes favorables à la non organisation des élections. À l’avantage de qui ?
Nous ne savons pas. Mais ce n’est pas tout : les évasions apparemment programmées des détenus de grandes prisons de la République, les kidnappings, les assassinats, les viols des femmes et des enfants renforcent les échappatoires pour maintenir une caste oligarchique au pouvoir. D’où vient tout ça ? Nous ne savons pas ?
Dans leur message du 23 juin 2017, les évêques catholiques de la CENCO affirmaient au point 14 ce qui suit : «La situation misérable dans laquelle nous vivons aujourd’hui est une conséquence due principalement à la non-organisation des élections conformément à la constitution de notre pays. » L’on se souviendra qu’à la signature de l’accord de la Saint Sylvestre, les délégués de la MP avaient dit qu’ils signaient «sous réserve !» Une façon d’annoncer que cet accord ne sera jamais appliqué dans ce pays…
Plusieurs congolais gardaient encore l’espoir. Il a fallu la sortie médiatique du président de la CENI à l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) pour tout chambouler. Que faire devant cette impasse politique bien planifiée d’avance ?
Une semaine avant la commémoration silencieuse du 57ème anniversaire de l’indépendance, la CENCO avait déjà remis la balle dans le camp de la population, souverain premier, n’en déplaise à ceux qui ont crié à l’incitation à la violence. Ils ont ainsi titré leur message : «Le Pays va très mal. Debout, congolais ! Décembre 2017 approche ».
Par leur pouvoir prophétique, les prélats catholiques congolais étaient en train de lire avec précision les signes du temps qui n’auguraient plus aucune lueur d’espoir. Pour ce faire, ils ont préconisé comme voies de sortie :
1. Se mettre debout : «(…) regardons où nous risquons d’aller(…). Mettons-nous debout, dressons nos fronts encore courbés et prenons le plus bel élan (…) pour bâtir un pays plus beau que celui d’aujourd’hui (…)». Cet extrait de l’Hymne National mérite non seulement intériorisation mais aussi application, sinon, comme le pressentaient déjà les évêques, «notre avenir sera hypothéqué pour toujours ».
2. Éviter le découragement, mais s’engager résolument: les évêques insistent :«Nous vous le demandons instamment : il ne faut céder ni à la peur ni au fatalisme »
3. Poursuivre l’éducation civique et électorale ainsi qu’un engagement actif et pacifique de tous, afin d’éradiquer les causes profondes de nos souffrances.
4. Exiger impérativement la tenue des élections présidentielles, législatives nationales et provinciales avant décembre 2017 conformément à l’accord politique du 31 décembre 2017.
5. Respecter le caractère sacré et inviolable de la vie humaine, c’est-à-dire s’abstenir de la violence.
6. Se confier à la prière à Dieu et au jeûne pour la Nation.
C’est pourquoi nous pensons qu’au stade actuel, la démission serait la voie royale de sortie de ceux et celles qui se reconnaissent en quelque sorte responsables de la crise actuelle (s’ils en ont du moins conscience). Par ailleurs, créer ou soutenir une milice de quelque tendance ou nature qu’elle soit c’est cautionner la non tenue des élections et, par conséquent, permettre que la misère actuelle se perpétue de génération à génération. Il ne faut donc pas donner l’impression de combattre un système tout en le soutenant.
Brigitte Kahambu Kamavu
Editrice de BLO
©Beni-Lubero Online.





