





Comme plusieurs observateurs congolais l’avaient prédit, aujourd’hui le Gouvernement de Kinshasa et l’ONU cherchent des boucs émissaires à sacrifier sur l’autel de l’occupation militaire rwandaise du Kivu avec son lot des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Parmi ces boucs émissaires on trouve les FDLR, les Mai-Mai, certaines ONG, des prêtres, etc. La confection de cette liste des boucs émissaires est l’œuvre des experts internationaux travaillant sur le compte de l’ONU.
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Si les congolais saluent le travail de ces experts, l’omission des parties principales au conflit congolais, à savoir, le Rwanda et l’Ouganda, poussent les observateurs à dénoncer une volonté déliberée de certaines grandes puissances de couvrir les militaires rwandais et ougandais qui s’infiltrent actuellement clandestinement dans les provinces de l’Est de la R.D. Congo. Cette suspicion de certaines grandes puissances dans la crise qui sévit en R.D. Congo date du lancement de la guerre, un certain 6 août 1996 dans la localité de Lemera, au Sud-Kivu. Les congolais se rappellent qu’il avait fallu plus de deux ans au Conseil de Securité de l’ONU pour reconnaître l’agression de la R.D.Congo par le Rwanda, l’Ouganda, et le Burundi. Depuis lors, la présence et le retrait de ces troupes d’agression en R.D. Congo a toujours été un sujet tabout entre l’ONU, représentée au pays par la Monuc et les Populations congolaises. La faiblesse entretenue au sommet de l’Etat congolais a permis à ce flou de la présence/retrait des troupes d’agression de couvrir les manœuvres d’occupation progressive des provinces de l’Est du pays. Les forces vives de l’Est de la R.D. Congo ont, plus d’une fois, dénoncé cette faiblesse entretenue au sommet de l’Etat qui a eu des répercussions graves sur l’organisation de la défense de l’intégrité territoriale du pays. On a vu, par exemple, l’Etat congolais abandonner la securité du pays entre les mains de la Monuc. Mais chaque fois que l’ennemi allait de victoire à victoire, la Monuc brandissait son mandat et le nombre insuffisant de ses troupes pour justifier son inaction. Ce jeu de Ponce-Pilate entre Kinshasa et la Monuc est la brèche dans la forteresse de la securité congolaise par laquelle l’ennemi a opéré et continue d’opérer.
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Ainsi, le parlement congolais, les assemblées provinciales, ainsi que les forces vives congolaises ( surtout celles des provinces de l’est du pays) ne pouvaient qu’être bâillonnés pour permettre ce jeu malsain de porter ses fruits. L’exemple de l’échec de la Conférence de Paix et de Développement de Goma de janvier 2008 restera historique. Quand les congolais s’accordent pour répondre aux préoccupations des uns et des autres, des forces obscures font tout pour faire monter les enchères et déposséder les forces vives congolais de la conduite du processus de pacification. C’est ainsi que, par exemple, après l’accord Amani de Goma, Nairobi I, II, III a été inventé pour écarter les forces vives congolaises qui avaient pris des engagements à Goma. Et ainsi de suite, jusqu’aux accords secrets d’IHUSSI (Goma) et l’émigration clandestine actuelle des Rwandais au Nord-Kivu.
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Au moment où cette violation des frontières congolaises provoque la colère des congolais, le gouvernement congolais crée des chats à fouetter ailleurs ou remet sur le plateau les sujets qui font rêver les politiciens, tels les élections de 2011, la vente de la carte d’identité congolaise, l’achat des voitures aux professeurs, la distribution des tractateurs et bulldozers, et tutti quanti. Aucune mission parlementaire n’est mise sur pied pour enquêter sur la violation grave des principes sacrosaints de la Constitution du pays, à savoir, l’inviolabilité de l’intégrité du territoire national, la securité des personnes et de leurs biens.
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Pour éviter toujours que les élus congolais ne se chargent de ce dossier brûlant, le Conseil de Securité de l’ONU par la voie de ses experts produit un rapport pour dire aux petits congolais ce qui se passe chez eux, ce qui est à l’origine de leur malheur, etc. Comme depuis son lancement, le conflit congolais n’est pas congolais mais une affaire d’experts internationaux qui savent mieux. Qui a dit que le colonialisme n’existe plus ? Là où les rapports des commissions d’enquête parlementaires auraient été plus convaincants dans un Etat qui se dit souverain, les congolais doivent se contenter des rapports des experts de l’ONU. La R.D.Congo est ainsi réduit à un état incapable de parler pour lui-même de ce qui se passe chez lui.
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A qui la faute sinon au gouvernement congolais lui-même? En effet, depuis la mort de Mzee LDK, le gouvernement congolais n’a plus fait un seul rapport sur les graves violations des droits humains qui se commettent sur le territoire national. Au contraire, il ne fait que réagir à ce que les ONG internationales et nationales écrivent. Ainsi, ce que les ONG internationales et nationales n’ont pas vu ou repris dans leurs rapports, n’existe pas en R.D. Congo. De fois, ce gouvernement ignore tout simplement certains faits tels les incendies des maisons au Kivu, l’émigration clandestine actuelle des militaires rwandais au Nord-Kivu, etc. Il avait fallu que certaines ONG internationales avancent le chiffre de six millions des morts congolais pour que les congolais, y compris le gouvernement l’utilisent comme parole d’évangile. Aucun effort de compter les morts ( mais aussi les vivants) congolais n’est nulle part perceptible dans l’action du gouvernement actuel.
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Profitant de ce déficit du gouvernement congolais, plusieurs experts internationaux à la solde de l’ennemi refusent même de reconnaitre la cause principale de 7 millions des morts congolais. En effet, plusieurs experts internationaux, y compris ceux de l’ONU, disent sans froid aux yeux que les 6 millions des morts congolais sont morts de suite du délabrement du secteur sanitaire, de la famine, et du manque de prise en charge adéquate des déplacés fuyant des conflits ethniques, etc. Si ces causes épinglées par les experts internationaux sont parmi les causes de la mort en R.D. Congo, on ne peut pas passer sous silence les armes et munitions de guerre qui sont les instruments des massacres collectifs, des assassinats ciblés, des incendies de maisons, des braquages sur les routes, etc. Le nombre des victimes tuées par balles ou égorgées à l’arme blanche est plus élevé au Kivu que les gens qui meurent de malaria ou de la fièvre typhoïde. En occultant le genre de ces tueries commises en R.D. Congo au moyen des armes et munitions de guerre, on rend service aux multinationales qui vendent des armes aux tueurs et l’ONU ne se trouve pas devant l’obligation d’imposer un embargo sur la vente des armes à l’industrie de l’armement. Au contraire l’embargo sur les armes est imposé aux congolais qui sont victimes d’une agression armée. Pendant que les grandes puissances parlent de guerre préventive contre leurs agresseurs réels ou présumés, pendant qu’elles font la chasse aux clandestins chez elles, il est défendu aux congolais de posséder une arme pour se défendre et empêcher aux clandestins de violer ses frontières. Non, l’ONU n’a pas de considération pour le peuple congolais ! Il en est de même du gouvernement congolais qui permet par son silence complice cette injustice vis-à-vis du peuple congolais qui mérite mieux. Par définition, le gouvernement congolais a perdu toute légitimité dès lors qu’il est incapable d’appliquer la Constitution Congolaise.
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La liste des accusés ou boucs émissaires
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Si les congolais s’en remettent aux seuls experts de l’ONU, la vérité du conflit congolais risquera d’être étouffée pendant longtemps. Le risque qui ressort de la rhétorique actuelle est de voir les vrais commanditaires et bourreaux du conflit congolais se muer en bienfaiteurs de leurs victimes congolaises ou agents développement d’un Congo qu’ils ont fait saigner en blanc pendant treize ans voire plus.
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L’heure est donc à l’appropriation par le parlement et le gouvernement congolais de la solution au conflit congolais. La voix des congolais qui sont les victimes ne doit pas être étouffée. La quantité des rapports et des memoranda établis par la société civile congolaise et où les responsabilités des parties au conflit sont clairement établies moyennant des exemples vérifiables doit être prise au sérieux si on veut aboutir à une solution participative au conflit congolais.
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En 13 ans de conflit, les initiatives des experts internationaux imposées d’en haut aux congolais ont déjà démontré leurs limites. La solution locale et interne qui associe la base et le sommet dans un dialogue permanent apparaît comme la voie à suivre pour mettre fin au conflit congolais et pour reconstruire tout ce que la guerre a détruit. Toutes les initiatives imposées d’en haut n’ont pas de chance de réussir tant qu’on ne s’occupera pas des vrais acteurs et des vrais mobiles de la guerre que le rapport des experts de l’ONU voudrait occulter savamment en « boucemissairisant » les FDLR, les Mai-Mai, les prêtres, etc.
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La paix à l’est de la R.D. Congo passe par la mise hors d’état de nuire des acteurs nationaux et régionaux du conflit congolais, notamment l’actuel gouvernement congolais, le Rwanda, et l’Ouganda.
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Ainsi, les miliciens du CNDP qui pendant longtemps ont commis des massacres des congolais, incendié les maisons, pillé des biens des populations, exploité les ressources naturelles, etc. ne peuvent pas être lavés blancs comme neige pour faire croire aux congolais que toutes les atrocités ci-haut énumérées étaient l’œuvre des appels téléphoniques des Hutu Rwandais dispersés dans le monde ? Les sources de financement du CNDP sont moins développées dans le rapport des experts de l’ONU pour une raison évidente.
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En lisant ces rapports d’experts et les commentaires des certains medias partisans, on a l’impression que seuls les FDLR (les vrais et les faux) sont responsables de 7 millions des morts congolais, des incendies des maisons, des pillages des ressources naturelles, etc. Certaines mauvaises langues comme une député du Katanga, vont jusqu’à attribuer le malheur actuel des Kivutiens aux Kivutiens eux-mêmes.
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La « boucemissarisation » des FDLR comme seuls bourreaux des congolais va de pair avec leur qualification comme «mouvement terroriste ». Le CNDP de Nkunda qui avait toutes les caractéristiques de mouvement terroriste n’écope d’aucun carton rouge mais de médailles d’or ou de coltan. Ainsi, les massacres des congolais de Kiwanja, Kanyabayonga, Rubare, etc. par le CNDP sont passés sous silence. Les pourvoyeurs d’armes de guerre au CNDP ne se sont pas cités. Les massacres en cours des congolais perpétrés par les Fardc « nouvelle formule » (c’est-à-dire les Forces Armées Rwandaises Déployées au Congo) sont passés sous silence.
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Parmi les boucs émissaires on trouve aussi des ONG internationales, le cas de Human Rights Watch qui dénonce les crimes commis par le gouvernement congolais sous l’œil de la Monuc. Les ONG onusiennes directement impliqués dans l’occupation militaire de l’Est de la R.D. Congo comme le HCR et le PNUD dont les agents auraient plusieurs fois intimidés les chefs coutumiers du Nord-Kivu de céder des terres aux rwandais dits refugiés, et poussés les populations des villages incendiés vers des camps pour déplacés d’où ils ne savent plus sortir, ne sont nulle part citées dans ces rapports taillés sur mesure. En effet, les experts de l’ONU ne pouvaient pas accusés l’ONU.
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Parmi les boucs émissaires, on va jusqu’à citer un prêtre belge de Tanzanie par qui aurait transitée une ridicule somme de 2000 US$, don d’une charité belge pour les refugiés. Mais la liste des personnes qui facilitent l’achat des armes aux FDLR et celle des banques par lesquelles transitent des millions des dollars pour alimenter la guerre et blanchir l’argent du coltan de sang manquent cruellement dans les rapports des experts.
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Pour plusieurs observateurs, la mise à l’avant-scène des FDLR, des Mai-Mai, et des Confessions religieuses préfigure les cibles prochaines de la guerre de conquête du Kivu maintenant que les rwandais et les ougandais prennent possession des terres qu’ils convoitent depuis 1996. Les cambriolages des couvents au Sud-Kivu ainsi que la guerre totale contre les Mai-Mai du Kivu ne sont donc pas des faits du hasard.
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On espère que les experts de l’ONU honoreront leur qualité d’experts pour établir sans complaisance toutes les responsabilités nationales, régionales et internationales dans la guerre qui sévit en R.D.Congo depuis 13 ans et qui a coûté la vie à 7 millions des congolais.
Les congolais attendent que ces experts poussent leurs conclusions jusqu’à l’évidence de l’expansionnisme territorial rwandais et ougandais vers les mines du coltan du Kivu.
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Autrement, on peut arrêter tous les Hutu de part le monde, imposer l’embargo des armes aux FDLR et aux Mai-Mai du Kivu, mais tant qu’on laissera agir le Rwanda et l’Ouganda, deux pays qui ne cachent pas leurs ambitions territorialistes et expansionnistes, il n’y aura pas de paix au Kivu. Et, tant que les grandes puissances manipulatrices du Conseil de Securité de l’ONU chercheront à dédouaner le Rwanda et l’Ouganda de leurs lourdes responsabilités dans le conflit congolais, il n’y aura ni paix ni développement au Kivu.
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Ainsi donc, tout financement terroriste doit être démantelé dans la région. Les réseaux de financement du CNDP, de la LRA et le traitement du dossier des terroristes Nkunda et Bosco Ntaganda qui constituent un éléphant dans la maison Congo doivent être démantelés. La même justice internationale doit s’appliquer à Nkunda et à Bosco Ntaganda pour que la crédibilité de la justice internationale n’en pâtisse ( si elle ne l’est pas déjà) et pour que la bouc-emissarisation tant décriée dans cette dépêche ne laisse s’échapper les vieux loups de la Région des Grands Lacs Africains vers les pâturages verdoyants du Kivu. En définitive, les congolais doivent se réapproprier leur histoire s’ils ne veulent pas vivre en esclaves !
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