





En attendant que la justice tire au clair les différentes responsabilités dans les affrontements meurtriers de Gombe du 20 au 22 Août 2006, les fins limiers de BLO présents à Kinshasa ont décidé de faire écho des informations qui circulent dans les milieux généralement bien informés, des informations relatives aux tristes affrontements entre la milice privée du Vice-président Jean-Pierre et les militaires des Fardc commis à la Garde du Président sortant Joseph Kabila.

D’après plusieurs recoupements des témoignages et rapports établis par différents états major des partis politiques congolais, des chercheurs indépendants, et des ONG nationales, on peut affirmer sans peur de se tromper que la bataille de Gombe était plus ou moins prévisible si l’on en croit plusieurs signaux rouges qui l’avaient précédé.
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Ainsi par exemple, ceux qui veulent connaitre les raisons des affrontements meurtriers de Kinshasa peuvent s’interroger sur le pourquoi du déploiement massif et musclé des troupes de l’Eufor seulement dans la capitale congolaise et pas dans le reste du pays pour motif de sécuriser les élections. Même les coins les plus vulnérables du pays au point de vue sécuritaire, à l’occurrence, le Grand Kivu et l’Ituri, n’ont pas curieusement bénéficié de la sécurité de l’Eufor pendant les élections. Un peu avant la proclamation des résultats provisoires du premier tour du scrutin, on a assisté à un début du déploiement de l’Eufor à Kananga et à Mbuji-Mayi comme si ces deux villes ressemblaient beaucoup à Kinshasa sur le plan sécuritaire du moment. L’Eufor avait-il eu vent de cette tentative de coup de force à Kinshasa ?
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Une semaine avant la proclamation des résultats provisoires du premier tour du scrutin présidentiel par la CEI, les officiers de l’armée congolaise ainsi que ceux de la Monuc ont constaté avec consternation que le camp de Maluku ou étaient cantonnés des centaines des militaires ex-DSP de Mobutu s’était vidé miraculeusement a l’insu des officiers des Fardc commis a leur garde. Les services de renseignement de la R.D. Congo auraient ainsi, au cours de leurs opérations de filature aboutie à la conclusion de la dissimulation de ces déserteurs dans la ville de Kinshasa. L’enquête en cours devrait dire à la nation congolaise les commanditaires de cette évasion spectaculaire et la mission de ces déserteurs dans la ville de Kinshasa à la veille de la proclamation des résultats du premier tour des élections présidentielles.
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Durant la même semaine a Kinshasa, on a constaté une émergence des discours séparatistes sur les bouches des partisans de Jean-Pierre Bemba avec les opérations dénommées TSK = Tout Sauf Kabila et TSR= Tout Sauf Ruberwa. Les partisans de Joseph Kabila associés ou mieux réduits aux originaires de l’Est se sont sentis menacés au marché central, dans les taxi-bus, et dans les allées et avenues de Kinshasa. Certains intégristes sont allés jusqu’à prophétiser le génocide des swahiliphones et des kabilistes si Joseph Kabila passait au premier tour. Certains ténors du MLC dont le Ministre Roger Nimy qui est mort une semaine après son discours incendiaire ( Que son âme repose en paix) à l’encontre des kabilistes sont allés jusqu’à fouler aux pieds la mémoire des policiers tués par les militants du MLC dans l’enceinte de l’Eglise de Sony Kafuta, les traitant d’étrangers car ils ne savaient ni parler Lingala, ni Swahili ni Français et tutti quanti. Un mensonge monstrueux de la part d’un homme de l’Etat de nature à inciter les kinois et surtout les proches des victimes à la haine tribale.
Dans certains quartiers de la capitale, les rumeurs ont fait état de la présence des hommes armés qui se prépareraient a se mêler a la population en colère pour régler les comptes des swahiliphones et des kabilistes en cas de victoire de Joseph Kabila au premier tour.
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Le Dimanche 20 Aout 2006, dans la matinée, les services des renseignements de la R.D.Congo auraient appris que Jean-Pierre Bemba se préparait à faire de ses chaines de radio et de télévision une espèce de « radio Milles Collines » pour s’autoproclamer vainqueur bien avant la proclamation officielle par la CEI prévue pour 20 heures, heure locale et pour inviter les Kinois a libérer le pays des étrangers.

Pour sauver Kinshasa de cette confusion et de ce carnage, le Ministre de l’Information ainsi que le PDG de Metelsat, auraient reçu l’ordre du Président Joseph Kabila de couper le signal de la radiotélévision de Canal Kin, CCTV, Radio Liberté appartenant a la famille Bemba. Ce qui fut fait à la station Metelsat de Ngaliema-Delvaux!
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Se préparant à descendre au studio pour délivrer son message de circonstance taxée d’avance, à tort ou à raison, par les services de renseignement d’incitation à la haine, le Vice-président Jean-Pierre aurait donné l’ordre à sa garde privée de désarmer tous les policiers et militaires commis à la garde des autorités congolaises dans le quartier allant des Galeries Présidentielles au Rond Point Forescom en passant par le Bureau de la Brigade Routière située sur le Boulevard du 30 juin. Ce qui fut fait.
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Informé par les techniciens de Radio Liberté, de Canal Kin et de la CCTV que leur signal était coupé et qu’il ne pouvait plus délivrer son message de circonstance, le Vice-président Jean-Pierre Bemba aurait piqué une vive colère. Sa garde présent aux abords de la radio et des chaines de télévision devenues aphones, par excès de zèle, aurait commencé à tirer dans tous les sens, y compris vers le palais de la Nation, pour donner de la voix à la colère de leur chef. La garde présidentielle de Joseph Kabila n’avait pas tardé à répliquer en tirant aussi en direction du Rond Point Forescom. Nous sommes vers 14 heures du dimanche 20 Aout 2006.
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Ces premiers tirs nourris avaient provoqué comme on peut se l’imaginer une peur bleue dans le chef des habitants de Gombe et de ses environs voire au quartier général de la CEI ou le Président Malu Malu se préparait à faire sa descente à la RTNC pour communiquer à la nation congolaise les résultats provisoires du premier tour du scrutin présidentiel. Les militaires de l’Eufor et la Monuc viendront au secours du Président de la CEI plusieurs heures plus tard, après s’être informés des mobiles des tirs nourris de fin d’après-midi et s’être rendus compte du danger que ces tirs nourris représentaient si rien n’était fait. Vers 22 heures, le Président de la CEI fut conduit par un cortège des chars de l’Eufor et de la Monuc au studio de la RTNC ou enfin il proclama les résultats du premier tour du scrutin présidentiel vers 23 heures, heure locale.
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La Proclamation des résultats par le Président de la CEI était suivie à la RTNC par le message de Joseph Kabila à la nation, un message dans lequel il avait félicité le peuple congolais pour sa confiance en sa personne et pour sa maturité démocratique, la police congolaise pour la sécurisation des élections, la communauté internationale pour le soutien moral et matériel au processus démocratique en RD Congo, etc.
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Le lundi le patriarche Antoine Gizenga aurait remis dans la matinée au bureau de la CEI la bande ou il avait enregistré son message au peuple congolais à l’occasion de la proclamation des résultats du premier tour du scrutin présidentiel.
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Le Lundi vers 14 heures, un taxi bus opérant sur l’axe Gare Centrale – Kintambo Magasin se fait arrêter par la garde privée de Bemba sur l’Avenue de la Justice avant d’être fouiller de fond en comble. Parmi les passagers, la garde de Bemba découvre deux militaires de la garde présidentielle en tenues civiles mais armées. Les deux infortunés sont directement mis dans un cachot de circonstance en la résidence de Bemba. Un troisième militaire de la garde présidentielle qui se trouvait dans le taxi-bus et qui n’était pas reconnu par la garde de Bemba car il n’était pas armé, allant annoncer la nouvelle de la capture de ses compagnons au commandant d’une patrouille de la garde présidentielle en position au Rond Point Mandela. Le commandant de cette patrouille, sans hésiter ordonna à ses troupes d’aller à la rescousse des militaires pris en otage par la garde privée de Bemba. Cette opération commando rencontra inévitablement la résistance de la garde privée de Bemba. En même temps, les ambassadeurs de la CIAT étaient en réunion dans la même résidence de Bemba. D’après plusieurs sources, le commandant de la garde présidentielle qui s’était donné la mission de libérer de force les otages ne savait pas que les ambassadeurs de la CIAT se trouvaient en cet instant en réunion dans la même résidence. Bemba aurait profité de cette malheureuse coïncidence pour clamer son innocence et pointer du doigt les allures belliqueuses de Joseph Kabila. Une riposte musclée de la garde privée de Bemba, cette fois-ci dirigée contre le palais de la Nation et la résidence de Joseph Kabila ne tarda pas à s’en suivre. C’est en ce moment que la bataille fut rude et que Gombe fut secouée. Les ambassadeurs devenus otages de la résidence de Bemba furent évacués entretemps par les hélicoptères de la Monuc et de l’Eufor. Apres le départ des ambassadeurs de la CIAT, les combats reprirent de plus belle. L’hélicoptère de Bemba fut brulé, empêchant ainsi au chairman de fuir la capitale. Certaines sources rapportent que le Chairman se refugia au quartier général de la Monuc… Certains de ses proches tentèrent de s’enfuir à Brazzaville par le fleuve mais en vain, les gardes du Beach Ngobila et de toute la région côtière ayant été en alerte maximale depuis la veille de la proclamation des résultats du premier scrutin présidentiel.

Constatant l’escalade de la violence à Gombe qui risquait d’entrainer les autres communes dans le combat des rues, les troupes de l’Eufor ayant reçu du renfort de Libreville s’interposèrent entre les forces rivales jusqu’à les dissuader de déposer les armes le mercredi dans la matinée après la signature d’un accord de cantonnement des troupes. La vie reprit seulement le lendemain Jeudi dans la commune de la Gombe.
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De ce qui précède, on peut déceler plusieurs niveaux de responsabilité dans la bataille de Gombe. O ne peut pas passer sous silence la responsabilité de Joseph Kabila et de Jean-Pierre Bemba pour n’avoir pas été capables de contrôler leurs troupes en ce moment de crise.
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Les forces de la Sadec ainsi que les Fardc ayant l’intégration de l’armée dans leurs attributions ont failli à leur mission d’encadrer et d’intégrer en temps opportun les ex-DSP venus de Brazzaville.
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On voit aussi que l’escalade de la violence était aussi due à l’excès de zèle des commandants de deux gardes. Pendant les trois jours de combat, certaines infrastructures appartenant au camp kabiliste furent pillées ou saccagées. C’est le cas de l’immeuble de Mr. Forrest a la Gombe et du siège du Parec du pasteur Mulunda a Gombe) par les gardes prives de Bemba. On accuse les gardes de Joseph Kabila d’avoir détruits les archives de la Cour des Comptes dans l’immeuble de la Sofide de Gombe. A la justice de déterminer le niveau de la responsabilité de chacun des acteurs de la bataille de Gombe.
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En attendant les conclusions de la commission d’enquête sur la bataille de Kinshasa, on peut se poser la question du pourquoi de cette bataille entre les favoris du premier tour du scrutin présidentiel, une bataille qui a failli remettre le compteur de la démocratie congolaise à Zéro. Que se serait-il passe si Jean-Pierre Bemba avait accéder à sa radiotélévision pour son message de circonstance ? La peur des kabilistes que Jean-Pierre Bemba voulait faire de sa Radio Liberté, sa CCTV et son Canal Kin, une espèce de « radio milles collines », était-elle fondée ? A la commission d’enquête d’éclairer le peuple congolais au sujet de cette bataille meurtrière de la Gombe.
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Kambale Masimengo
Kinshasa-Gombe
Beni-Lubero Online





