





Déjà environ dix jours, jour pour jour, depuis que la population de Beni-Lubero s’est levée pour changer le cours de son histoire. On aura trop attendu, trop patienté, endormi par un espoir béant d’un gouvernement et d’une communauté internationale qui, en tout, n’auront que affiché une complaisance devant des faits maccabres, tragédie affreuse, qui ont décimé – et continuent à décimer – des multitudes de vies humaines.
Devant l’ampleur que prend la détermination des manifestants, il n’est absolument plus besoin de rechercher de boucs émissaires ça et là. Car, sans nier les mains noires des manipulateurs politiques qui viennent dénaturer la véritable motivation des populations pour la manifestation, la révolte déclenchée reste pourtant une conséquence très logique de ce qu’a été le comportement de la mission onusienne en RDC en général 20 ans durant, et dans le contexte des massacres et insécurité dans l’est en particulier, en l’occurrence dans le cas précis de la région de Beni et en Ituri. Le bienfait que pourrait en tirer la MONUSCO, voire la communauté internationale, c’est de trouver dans cette circonstance une occasion de faire une auto-critique, une évaluation systématique des actions menées sur terrain par la mission onusienne en rapport avec le mandat lui échu, en particulier regarder en profondeur si la mission de la protection des civils, cas précis de Beni, a été accomplie ou pas, et aussi démontrer l’exécution du manat de sa brigade d’intervention à Beni, à l’instar de ses brillantes actions contre le M23 en 2013, dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo. Cette évaluation ne devrait pas être complaisante ni sentimentale, mais plutôt honnête.
Il est impérieux de souligner en grand trait que les FARDC ne sont pas non plus excusables. En effet, d’une certaine manière, la Monusco est aussi tombée victime des multiples pièges lui tendu à la fois par un régime politique des fourbes et une armée nationale transformée en une bande de terroristes. Mais, étant donné que la population ne peut engager deux guerres à la fois, elle a préféré se débarrasser avant tout de la charge extérieure, pour s’occuper ensuite, et peut-être três bientôt, s’ils ne se convertissent pas en temps, des propres fils du pays, c’est-à-dire ce système politique et cette armée acquise au service des occupants et envahisseurs.
Qu’y a-t-il à reprocher à la Monusco?
Il est défini sans ambiguité que la raison d’être de la Mission des Nations Unies en RD Congo est le maintien de la paix, la protection des civils et finalement la stabilisation du pays. En conséquence, cette mission se trouve garnie de l’effectif le plus élevé de casques bleus par rapport à toutes les autres missions des Nations Unies au monde. Elle dispose d’une logistique et d’une technologie militaire les plus sophistiquées, ayant un budget annuel rivalisant le budget national de l’Etat congolais même. Or, maintenant au terme de 20 ans de travail ininterrompu, rien de satisfaisant n’est perçu: le pays n’est pas dans un etat de guerre, mais il n’y a pas de paix, les civils sont massacrés comme des mouches sans aucune protection et il règne une insécurité chronique partout, le pays n’a jamais été stabilisé…
Qu’a-t-on obtenu comme résultat de tous les moyens mis à disposition de cette missioin gigantesque, cinq ans durant, quand on voit le massacre des civils s’amplifier au quotidien dans la région de Beni? L’intervention des casques bleus onusiens aux côtés des FARDC en 2013 avait promptement conduit à anéantir une fois pour toutes le M23 qui comptait des milliers de soldats dans ses rangs et qui disposait d’un arsenal militaire modrene et très sophistiqué, tel qu’on l’a constaté avec les armes ramassées sur les traces de cette rébellion.
Pourtant, dans la région de Beni ce sont des rebelles que le feu colonel Mamadou et le feu général Bahuma avaient réduit à quelque dizaine de combattants (moins de cents personnes) déjà au cours de la première moité de l’année 2014, qui sèment inlassablement la désolation, et de manière irréductible, malgré la présence opérationnelle d’au moins 20 milles militaires gouvernementaux et des milliers de casques bleus onusiens. Quel mystère!
Voici aussi le temps favorable où la Monusco, de par ses services d’observatoire, devrait également justifier son silence sur les preuves d’identité étrangère des présumés ADF en action à Beni, tels qu’il s’y trouve des rwandais, des Kenyans, des Tanzaniens, des Erythréens, des Ougandais etc. Un autre silence condamnable est celui que la Monusco a constamment observé au sujet de la complicité avérée des militaires FARDC en faveur des présumés ADF et la confusion délibérément entretenue dans ce cadre par la hiérarchie de l’armée congolaise. D’ailleurs, la base de la Monusco de Semuliki (Kamango) avait été attaquée une fois par des soldats qui s’étaient présentés dans l’apparence des FARDC, trompant qu’ils venaient se ravitailler en carburant à la reserve de la Monusco comme ils en avaient l’habitude. La Monusco dispose de telle si belle preuve de la complicité des FARDC dans les tueries de Beni, mais n’a jamais voulu en édifier les opinions. S’agirait-il d’une complicité tacite de sa part?
Certes, il ne s’agit pas ici d’une liste exhaustive des faits dont la Monusco devrait rendre compte en rapport avec sa mission et son mandat. Sauf qu’on ne saurait passer sous silence de nombreux cas des massacres de civils opérés dans le périmètre rapproché des bases de la Monusco, sans que cette dernière n’engage une action dissuasive. On se rappelera entre autre de cas des massacres d’Eringeti du 11 au 12 mai 2016…
Eu égard à tout ce qui précède, si le rôle de la Monusco a été réellement réduit au comptage des cadacres des civils innocents sauvagement massacrés en sa présence passive, alors sa mission et sa raison d’être en RD Congo sont vraiment à re-penser.
Bientôt le tour des FARDC, s’ils ne renoncent pas à la manipulation de Kabila et s’ils ne se convertissent pas!
La population congolaise en général, et les habitants de Beni-Lubero en particulier, ignore un peu trop le véritable enjeu des actions populaires atuelles. Elle ignore lamentablement que, par ce fait, elle est en voie d’accomplir inconsciemment la volonté et le souhait le plus profond de Joseph Kabila qui a un plan machiavélique sur la région de Beni-Lubero et l’Ituri.
L’ex-président Kabila, on l’aura suivi dans ses discours depuis 2018, ne jure que par le départ de la MONUSCO, dont la présence est perçue comme un regard dérangeant de la communauté internationale sur les crimes qu’il a organisé et fait exécuter comme voie obligée pour atteindre l’occupation de cette région par des rwandais se trouvant à son service. Les congolais n’oublient pas que l’armée nationale dite les FARDC méritent une surveillance accrue dans toutes ses actions, car non seulement infiltrée par des occupants qui tuent les autochtones, mais surtout placée sous le haut commandement hiérarchique des terroristes qui ont la mission d’anéantir toute la capacité d’une défense nationale, en vue d’aider les ennemis, envahisseurs, à s’installer sans plus d’effort.
Nulle part au monde, on n’aura vu une armée nationale, rangeant dans au front de l’opération plus de 20 mille soldats lourdement équipés, échouer de maîtriser quelques inciviques réduits à moins de cent personnes pendant plus de 5 ans, dans une région aussi petite que celle de Beni, et c’est en dépit de l’appui d’une force multinationale onusienne constituée des milliers de casques aussi énormement équipés pour le combat terrestre et aérien.
La complicité de l’armée nationale n’est vraiment plus à démontrer, car elle est plus qu’évidente aussi bien de par sa stratégie que par ses tactiques de combats. Partout au monde, on cannaît que la tactique d’attaque d’une armée demeure un grand secret que seul le commandement gère. Or, lorsque les FARDC doivent amorcer une soi-disant opération de grande envergure, il faut au préalable un tapage sur les médias pendant un mois entier. Ceci n’est rien d’autre qu’une manière de demander aux ennemis de prendre de disposition pour se soustraire à la traque en perspective. D’où, même les localités que les FARDC révediquent actuellement avoir conquises au dépens des présumés ADF à Mwalika, Kididdiwe, Madina etc. ne le sont pas en réalité; ce sont plutôt des sites qui sont temprairement abandonnés par lesdits maquisards sur consignes des véritables commanditaires de leurs actions, ces commanditaires n’étant autre que la hiérarchie des FARDC elle-même en la personne d’un général Gabriel Amisi Tango Four, d’un général Delphin Kahimbi et tant d’autres criminelles prenant en otage la défense nationale congolaise. La population de Beni connaît très bien que c’est la même personne qui dirige à la fois les FARDC dites de l’opération Sokola 1 et les présumés rebelles ADF…
D’où, logiquement parlant, c’est vraiment injuste de s’en prendre uniquement à la MONUSCO; car une action véritablement corrective devrait avant tout s’engager à purifier les saletés qui pourrissent de l’intérieur l’armée nationale, les FARDC.
S’est-on vraiment interrogé comment se fait-il que des rebelles traqués en brousse retournent massacrer en ppleine ville et de manière fracassante, au moment où, sur les ondes, les FARDC chantent, tambour battant, victoire! victoire!!… Les rebelles battus à Mwalika et ailleurs ont donc opéré quel miracle pour se retrouver spontanement au coeur de la ville de Beni pour massacrer un si grand nombre de civil le 23-24 novembre 2019?
La vérité est telle que les personnes dites des ADF sont au sein des FARDC, elles sont parmi la population, habillées en uniformes de l’armée nationale et de la police congolaise. Leurs chefs partagent le même état-major avec les commandants de l’opération Sokola 1, précisément à l’OZACAF/Beni. Leurs éléments sont déployés partout où apparemment nous voyons des militaires que nous appelons FARDC, à Oicha, à Mayi-moya, à Mbau, à Eringeti, à Semuliki, bref sur tous les axes Beni-Komanda, Mbau-Kamango et Beni-Kasindi, et déjà en voie d’assiéger l’axe Beni-Mangina-Biakato-Mambasa.
Voilà pourquoi, sans trouver les traces des passages venant des brousses, on est surpris chaque matin des massacres nocturnes dans différentes cités et agglomérations, jusqu’au coeur de la ville même de Beni.
Conclusion
La population de Beni aurait certes raison de condamner les failles de la MONUSCO, à cause des faits repréhensibles évidents en sa charge, en considération de son mandat. Cependant, cet acharnement risquerait de distraire la masse de manière à l’empêcher d’identifier le vrai et le plus grand problème qui demeure le système d’occupation piloté par Kabila instrumentalisant les FARDC en défaveur de la population locale et de la nation congolaise entière.
D’où, une réelle volonté de voir changer la situation sécuritaire ne saurait se passer de la nécessité primordiale de se débarrasser avant tout de la pourriture du sein des FARDC sur laquelle le président déchu et son système maléfique continuera à s’appuyer pour asservir et exterminer les congolais à Beni et ailleurs. On semble trop ignorer que c’est par cette pourrture imbibée dans l’armée et tout le système de sécurité que les boutons sont appuyés pour exciter au déguerpissement de la MONUSCO aussi bien que pour mener à son terme le génocide des Yira en cours.
En effet, la MONUSCO peut partir n’importe quand. Mais en fin de compte c’est Kabila qui en profitera pour son plan satanique. Car il pourra dès lors faire massacrer à son gré sans la présence de ces témoins indésirables (MONUSCO), oeil de la communauté internationale, vu que son objectif est de ramener ces égorgeurs de la brousse à s’installer ouvertement dans les villes et localités de la région de Beni, et ainsi implanter officiellement un régime d’occupation. Ceci sera certainement pire que la MONUSCO qu’on s’encharne à chasser aujourd’hui. On aura donc travaillé inconsciemment pour aider Joseph Kabila et Kagame à réaliser leur rêve sur la région.
Talangai Tinga-Tinga
Beni





