





Communiqué du Racodit-Rutshuru, 23 Février 2009
Le Rassemblement des Congolais pour la Défense de l’Intégrité Territoriale (en sigle Racodit), section de Rutshuru, informe l’opinion nationale et internationale, que le Lundi 23 février 2009, des rwandais armés et en tenues militaires ont abattu un paisible citoyen à son domicile du Quartier Kigarama, dans la Cité de Rubare, en Territoire de Rutshuru. Ce paisible congolais avait refusé de donner de l’argent que ses tueurs lui exigeaient au bout du fusil.
Ailleurs, les populations du Territoire de Rutshuru assistent impuissants à une entrée quotidienne des rwandais venant du Rwanda et de l’Ouganda. Ces nouvelles sont vérifiables et il suffit de descendre sur terrain pour se rendre compte de cette vérité que certains medias « coupagistes » et canards enchainés et aveuglés par le pouvoir actuel font semblant d’ignorer en versant dans l’idéologie du régime de Joseph Kabila. Il est en effet étonnant que les medias du pouvoir n’aient pas de reporter permanent au front de Rutshuru et de Masisi. On sait que les militaires, surtout les officiers supérieurs, étaient les premiers à être retirer de ce front. C’est abandon du Territoire par Kinshasa explique pourquoi les déclarations de Kinshasa de ces derniers jours sont de la rhétorique politicienne sans rapport avec la réalité sur terrain.
La réalité sur terrain
L’administration territoriale mise en place par le CNDP de Nkunda n’a pas été démantelée. C’est ainsi que les ex-miliciens de Nkunda sont ceux qui sont aux commandes du Territoire de Rutshuru. Comme explication à ce statu quo, les autorités provinciales que le CNDP est devenu un parti politique et que ses miliciens ont déjà intégré les Fardc. Le CNDP devient ainsi un parti politique avec un statut spécial, celui d’administrer un territoire.
Les relations entre les communautés ethniques en territoire de Rutshuru risquent aussi de se détériorer à la suite d’une campagne porte à porte auprès des populations, spécialement les Hutu. Cette campagne demande aux Hutu du Nord-Kivu d’accueillir leurs frères et sœurs qui viennent du Rwanda et de se désolidariser des congolais qui font de la résistance. Certains chefs coutumiers et politiciens opportunistes sont lourdement impliqués dans cette propagande pour favoriser le ralliement des Hutu du Nord-Kivu au projet rwandais au Nord-Kivu.
Il faut cependant éviter toute généralisation. Les opportunistes se recrutent aussi dans d’autres tribus pas seulement du Nord-Kivu mais de toutes les provinces de la R.D. Congo. Il suffit de voir la composition de l’état major du CNDP. A l’heure qu’il est, les congolais qui se disent opposés à l’occupation rwandaise du Nord-Kivu constituent tout de même la majorité des habitants de la Province.
La question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir pourquoi Kinshasa a abandonné le Nord-Kivu dans sa tourmente. Comme jadis les Nord-Kivutiens avaient mis tous leurs œufs dans le panier de Joseph Kabila, devant la trahison avérée de ce dernier, Vital Kamerhe dont la tête est mise à prix paraît être le seul à même d’inspirer encore confiance. Son questionnement de l’entrée des troupes rwandaises au Congo représente le point de vue de la majorité des congolais. Démettre Vital Kamerhe pour avoir dit ce que les congolais pensent loin des micros, c’est cracher sur la démocratie en R. D. Congo. Mais comme il n’y a pas de débat public sur l’affaire Kamerhe, les sceptiques pensent que son éviction peut avoir été convenue de commun accord avec lui pour permettre au plan occulte du Rwanda sur le Congo de franchir l’étape cruciale actuelle. En effet, même au Nord-Kivu on oublie pas que Vital Kamerhe a noyauté la question de la double nationalité, l’occupation de Kahemba, les Mbororo dans la Province Orientale, etc. L’avenir proche peut ainsi être riche en rebondissements comme dans un véritable théâtre de chez nous !
Les premières pages de l’occupation rwandaise du Nord-Kivu et de la fin de la popularité de Joseph Kabila s’écrivent aujourd’hui en Territoire de Rutshuru. Vital Kamerhe et les députés et les sénateurs pétitionnaires constituent pour les habitants de Rutshuru et de Rubare la seule raison d’espérer que l’occupation actuelle du Nord-Kivu ne fera pas long feu!
– La politique perd du terrain dans notre territoire. Les populations ne comprennent rien du tout de ce qui se passe sur terrain et ce qui se dit sur les voies des ondes. Elles aussi demandent la publication des accords secrets qui lient le gouvernement congolais à celui du Rwanda à ce sujet.
– La population de Rutshuru était très surprise de constater non seulement qu’il n’y a toujours personne aux frontières de la RDC pour accueillir et compter les soldats rwandais à leur entrée mais qu’il y a aussi des civils, des femmes, des enfants et du bétail qui arrivent du Rwanda pour participer à la traque des FDLR…
– Les rwandais qui entrent en Territoire de Rutshuru sont repartis en quatre groupes ci-après :
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Le premier groupe est venu pour soi-disant conduire l’opération de désarmement des FDLR ;
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Le deuxième groupe se présente comme étant des rwandophones congolais du CNDP intégrés dans la FARDC et déployés en Territoire de Rutshuru,
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Le troisième groupe est formé des rwandais se disant de la police du CNDP qui attendent leur intégration dans la Police Nationale Congolaise,
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Le quatrième groupe est composé des soldats en civil, des femmes, des enfants, et des vaches. Ils arrivent du Rwanda tous les jours. Les uns restent à Rutshuru dans des maisons abandonnées par les déplacés qui ont encore peur de revenir chez eux, d’autres sont accueillis par des opportunistes collabos des rwandais. Des Taxi Moto font la navette en Rutshuru et Tongo pour y conduire les nouveaux venus du Rwanda.
La population de Rutshuru a suivi le porte-parole de l’armée rwandaise qui disait la semaine dernière que l’armée rwandaise allait retourner au Rwanda car l’objectif lui assigné était largement atteint. Mais sur place, les FDLR circulent toujours dans les brousses. D’autres se sont pour la première fois installées dans la ville de Goma. Quel est donc l’objectif qui a été accompli si ce n’est qu’Azarias Ruberwa demandait depuis toujours, à savoir le retour au Congo de 150 000 familles Tutsi refugiées au Rwanda ?
– Les vaches venues du Ruanda sont pâturées à MATEBE, NTAMUGENGA, KIRIMBI, RUSEKE, CHUMIRWA PRES DE RUBARE ET A BUHURI. Elles paissent non seulement du pâturage naturel mais aussi les champs des congolais, surtout les non-rwandophones.
– La nuit est un calvaire pour les populations. Les nouveaux venus du Rwanda utilisent leurs armes pour casser les portes, demander de l’argent, de la nourriture, des habits au bout du fusil. La langue des voleurs à mains armées est désormais le Kinyarwanda, un swahili anglicisé, et l’anglais.
– Ceux qu’on appelait dans le temps Tutsi-congolais et qui avaient disparu du Territoire de Rutshuru sous-prétexte qu’ils étaient partis au mixage dans d’autres provinces du Congo, reviennent aujourd’hui comme commandants des troupes rwandaises. On découvre maintenant que le mixage se faisait aussi avec l’armée rwandaise pour préparer l’occupation en cours.
– Parmi les chefs militaires qui étaient jadis au Congo et qui sont revenus avec l’armée de Paul Kagame, on peut citer :
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Mr. Mboneza qui était Major dans l’armée du RDC/Goma. Il est aujourd’hui colonel dans l’armée ruandaise.
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Le colonel Makenga qui était lui aussi de l’armée du RDC/Goma. Lors du mixage il était de la brigade bravo de Rutshuru. Officier du CNDP, il était à Runyoni/Bunagana. Aujourd’hui, il est revenu comme colonel de l’armée rwandaise.
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Mr Shamba était lui aussi major dans l’armée du RCD/Goma et dans le CNDP. Il était chef de poste de Rubare, Katale et Chengerero. Il est revenu comme officier de l’armée rwandaise.
Par ce rapport des faits du terrain qui contredisent les déclarations officielles de Kinshasa, le Racodit/Rutshuru veut attirer l’attention de l’opinion nationale que Kinshasa ne joue pas franc jeu. Au lieu de verser dans le verbiage politicien à Kinshasa, les députés feraient mieux de descendre sur terrain à Rutshuru pour étoffer leur pétition des faits graves qui démontrent bel et bien que Joseph Kabila a trahi le Congo et que Vital Kamerhe avait raison de s’inquiéter. Avec la frontière Rwanda-Congo devenue passoire, on peut bien parler de retour des militaires rwandais avec camera à l’appui sans qu’il y ait retour. La vérité est qu’il y a maintenant un va-et-vient entre le Rwanda et le Congo, la frontière ayant été abolie entre les deux pays.
Si aujourd’hui les militaires rwandais qui occupent le Nord-Kivu observent une certaine retenue, les signes d’une violence prochaine contre ceux qui s’opposent à leur présence sont multiples. Les congolais du Territoire de Rutshuru ont peur et demandent un déploiement des militaires loyalistes congolais dans le territoire de Rutshuru pour les rassurer. Les députés nationaux et provinciaux devraient au moins faire passer la motion de ce déploiement pour se mettre du bon côté de l’histoire !
RACODIT
Rutshuru, 23 février 09
Transmis par Edgar Kahindo, Coordonateur National du Racodit
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