





Ceux et celles d’entre nous qui suivent l’actualité mondiale au quotidien savent que les Universitaires, les syndicalistes et les travailleurs Français sont dans le rue (ou y seront) pour protester contre les mesures prises par le gouvernement dirigé par la droite libérale française. Ces mesures de privatisation et de libéralisation à outrance vont à contre-courant de la moralisation du capitalisme dont Nicolas Sarkozy se veut le champion. Sa « bonne parole » de la régulation du capitalisme coule comme de l’eau sur les primes des entrepreneurs qui continuent à empocher « le bonus » et « le parachute doré » après que leurs entreprises aient été sauvées de la débâcle par l’argent du contribuable français. Malgré cet apport, ces entreprises licencient et distribuent, de manière irresponsable et malhonnête les parachutes dorés. Certains de ces entrepreneurs sont « des amis personnels » de Nicolas Sarkozy.
Sarkozy met sa théorie en pratique
Mais comme le Président Français sait que l’Afrique n’est pas encore rentrée dans l’histoire, il organise un voyage à travers ce continent en compagnie des responsables de ces entreprises ayant créé le chômage dans son pays et l’enrichissement sans cause de quelques individus. Ce faisant, il met sa théorie en pratique. Il visite certains pays où les dirigeants téléguidés de l’extérieur ont besoin d’une reconnaissance internationale que confère une accolade avec les missionnaires du capitalisme sauvage. Accolade permettant, après, aux « cosmocrates » de faire bombance dans le pétrole et les matières premières stratégiques africains. Du moment que les profits produits par ce marché peuvent être partagés avec l’élite politique, visiter les pays africains confortant la thèse de l’Afrique restée en marge de l’histoire est une « bonne affaire ». Cette Afrique-là rentre dans l’histoire économique de l’Occident et non dans celle de l’émancipation humaine et de l’autodétermination de ses filles et ses fils!
Chez Sarkozy, la disqualification de l’Afrique comme un contient ayant une histoire marche de pair avec son avidité et son amoralité. Des vices partagés par une bonne partie des élites occidentales et leurs hommes et femmes liges africains.
Dans Femme debout, Ségolène Royal, tout en admirant, l’énergie débordante du Président Français avoue ceci: « Mais ce qui me gêne le plus chez lui, c’est son manque de morale, son amoralité. J’ai l’impression vraiment qu’il illustre l’expression « sans foi ni loi » (…) Il ne cache pas son avidité, sa boulimie d’argent, de sensualité, de plaisir. Il y a une forme de cynisme poussé à l’excès, comme de la provoc permanente, celle d’un adolescent qui voudrait épater la terre entière. » (S. ROYAL, Femme debout. Entretiens avec Françoise Degeois, Paris, Denoël, p. 231) Qu’il aille à la rencontre d’une autre adolescent, seigneur de la guerre, enfermé dans ses caprices, imposteur et nombriliste à l’excès, cela confirme les propos de Mme Royal qui, pour résumé le personnage de Sarkozy dit: « Sarkozy, en résumé, c’est un immense mensonge, c’est une imposture. » (Ibidem, p. 233)
La France, patrie des droits de l’homme?
Le voyage de Sarkozy au Congo (RD) repose la question des valeurs que prétend défendre une certaine élite politique occidentale. Depuis l’affaire Elf, nous savons que « la République française (…) a mis en place en Afrique un système loin de ses valeurs et de l’image qu’elle aime renvoyer au monde. Comment, demandait Eva Joly, des institutions solides et démocratiques, des esprits brillants et éclairés, ont-il pu tisser des réseaux violant systématiquement la loi, la justice et la démocratie? Pourquoi des journalistes réputés, de tout bord, ont-ils toléré ce qu’ils ont vu? Pourquoi des partis politiques et des ONG, par ailleurs prompts à s’enflammer, n’ont-ils rien voulu voir? » (E. JOLY, La Force qui nous manque, Paris, Les Arènes, 2007, p.143-144) La juge d’instruction dans l’affaire Elf répond elle-même à ces questions en disant que « les Français ont laissé faire, car, astucieusement, de Gaulle et ses successeurs ont présenté leur action comme un rempart contre l’hydre américaine. Elf était l’une des pièces de cette partie géopolitique. Le double jeu a été facilité par la certitude, ancrée dans les mentalités, que « là-bas (en Afrique), c’est différent ». Là-bas, c’est normal la corruption, le népotisme, la guerre, la violence. » (Ibidem, p.145) Aujourd’hui que l’empire américain aux abois dit croire dans un monde multipolaire, la rhétorique de Sarkozy sur la rupture avec la françafrique est jetée dans les oubliettes. Mais comme il sait que l’Occident ultra-libéral fabrique des hommes et des femmes liges en Afrique pour l’aider à détruire la mémoire collective, il peut y retourner, sûr qu’aucun compte ne lui sera demandé sur son négationnisme; une chose qu’il ne ferait pas avec Israël.
Ces hommes et femmes liges destructeurs de la mémoire collective africaine luttent aussi contre tout esprit critique pouvant mettre à nu le ressort de l’ultralibéralisme: l’appui des Etats occidentaux aux multinationales prédatrices des matières premières stratégiques des pays africains. Mais aussi « la grande corruption dans les centre névralgiques du pouvoir » au Nord.
L’affaire Elf est un exemple historique. « L’enquête Elf a montré une interconnexion régulière entre les comptes occultes des dirigeants de l’entreprise pétrolière et les comptes des chefs de guerre rivaux en Angola ou au Congo-Brazzaville. La caisse noire présumée servait indistinctement aux uns et aux autres. » (E.JOLY, Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre?, Paris, les Arènes, p.226) Il n’est pas surprenant qu’après le Congo (RD), Nicolas Sarkozy passe la nuit au Congo d’en face.
Quand Nicolas Sarkozy se fait accompagner, dans son voyage africain de plusieurs chefs d’entreprises (nationales et transnationales), qu’est-ce que cela signifie? Tout simplement ceci: la France partage les intérêts de ces entreprises sans assumer, officiellement, les dégâts qu’elles causent en soutenant les seigneurs de la guerre dans cette Afrique a-historique, selon Nicolas Sarkozy.
Donc, ce jeudi 26 mars 2009, nous assisterons au voyage d’un conquistador des temps modernes sur des terres africaines pour lesquelles il n’a aucun respect pour chercher des sous. Il sera sans doute applaudi par les supplétifs de l’ultralibéralisme et ses autres clients ayant troqué la dignité humaine et le respect de soi contre la vassalité que procure l’argent. La France, dite patrie des droits de l’homme, embrassera, à travers Sarkozy et sa compagnie, Joseph Kabila et les « rhinocéros » de l’AMP, « écraseurs » des Congolais et de leurs droits.
Vive l’hypocrisie française! Vive le marché ultra-libéral! Vive la crise financière!
J.-P. Mbelu
Bruxelles – Belgique
Beni-Lubero Online





