





La grande vérité descellée de l’incident tragique qui a caractérisé la ville de Bukavu depuis ce lundi 25 septembre 2017, c’est que l’insécurité, les attaques et les vols nocturnes contre la paisible population dans leurs domiciles sont des opérations criminelles organisées et exécutées par la Police Nationale Congolaise. Ces éléments sagement appelés « agents de l’ordre » se sont convertis en bourreaux du peuple qu’ils sont sensés protéger.
Les aires de Panzi, un espace situé dans la partie sud de la ville de Bukavu se confronte à un phénomène de banditisme à main armée qui a pris de l’ampleur, particulièrement au cours de ces trois derniers mois. Chaque nuit, à partir de 21 heures, ou un peu au-delà, des éléments fortement armés de fusils font irruption dans des résidences privées pour piller des biens de valeur. Ces opérations s’accompagnent toujours de tortures provoquant souvent des blessures physiques et morales graves et/ou des morts.
L’amplification de ce phénomène a excité les jeunes du quartier Panzi à initier des patrouilles parallèles à celles de la police nationale toutes les nuits, de 21 heures à l’aube. Toute personne interceptée dans cet intervalle de temps n’ayant pas de justification valable pour son déplacement nocturne était appréhendée et conduite à la Police pour investigation.
Ainsi, dans la nuit du 24 au 25 septembre, vers 21 heures (heures locales de Bukavu), dans une obscurité épaisse, des coups de balle ont été entendus dans le même quartier. Les jeunes patrouilleurs civils se sont précipités pour se rendre compte de ce qui se passait. Des Avenues et des cellules furent bouclées. C’est alors qu’ils rencontrent en mi-chemin une jeep de la Police stationnée au niveau de la cellule de Chai, mais sans aucune personne à son bord. Poursuivant leur chemin, ils atteignent la famille qui venait d’être attaquée: le papa et la maman portaient des blessures de tirs des balles des malfrats. Les bandits ont emporté de l’argent et tous les objets de valeur disponibles.
Au cours de ce bouclage systématique de la zone où il y a eu l’attaque des bandits, les jeunes sont tombés sur un groupe de sept personnes lourdement armées mais en tenues civiles. C’était en fait des bandits recherchés qui ramenaient leur butin vers le véhicule de la police que la patrouille des jeunes avait découverte. Une discussion éclata entre les deux parties, lorsque les jeunes cherchaient à connaître l’identité de ces sept personnes armées et les raisons de leur déplacement tardif dans la nuit. Il s’en est suivi une dispute qui s’est vite transformée en combat. Et, vu que ces jeunes gens exécutent leur patrouille munis des cannes et des machettes, ils ont réussi à maîtriser quatre des sept bandits. En dépouillant leurs sacs, ils ont retrouvé des tenues de la Police Nationale et des munitions (en plus des armes qu’ils portaient visiblement). Dans d’autres sacs il a été trouvé de sommes d’argent, des téléphones, des ordinateurs et beaucoup d’autres biens de grande valeur. En fait, ces bandits venaient d’opérer dans trois résidences… Les bandits étaient effectivement des éléments de la Police; parmi eux, il a été reconnu un PM (Police Militaire).
Alors tout le monde était alerté à partir de ce moment jusqu’à l’aube. A 5 heures et demi, la population s’est mobilisée pour barricader la route sur tous les artères. Les jeunes civils patrouilleurs ont réquisitionné le véhicule de la Police attrapé en flagrant délit de banditisme pour ravitailler les mamans en pierres destinées à barrer les passages. L’intervention musclée des policiers venus en renfort n’ont fait qu’alimenter les échauffourées, dont le bilan a enregistré des blessés et des morts, parmi lesquels ce policier brûlé vivant.
Cet événement est une preuve de plus pour découvrir que le peuple congolais souffrent. Ses bourreaux à tous les niveaux ne sont autres que ses propres dirigeants. C’est une situation que les habitants de Beni, de Butembo, du sud de l’Ituri ne cessent de dénoncer depuis bientôt trois ans, quand ont parle des massacres de Beni et de l’insécurité sur le cordon Lubero- Beni-Ituri.
Le cri d’émoi de la population de Beni-Lubero est aujourd’hui récupéré par la ville de Bukavu (voire toute la population du Sud-Kivu). Plus loin, le Kasaï fait retentir déjà le même écho: Le régime de Kabila extermine le peuple congolais. N’est-ce pas assez pour que le monde comprenne l’urgence de la solidarité internationale afin de mettre hors d’état de nuire Joseph Kabila et son régime sanguinaire, dont les dégâts pourraient bientôt affecter toute la sous-région des grands lacs de l’Afrique centrale?
Jean-Christian SHABANI
Bukavu
©Beni-Lubero Online.






Un commentaire
Il est inconcevable qu’une police mise à la disposition de la population soit ainsi auteur de tous les crimes commis . Cet acte, bien qu’effrayant, inciterait les dirigeants congolais à renforcer leur personnalité et la moral des policiers ou militaires afin d’éviter le pire.