





Ce lundi 13 juin 2016 a connu l’escalade des grandes violences à Buleusa, chef-lieu du groupement Ikobo, chefferie des Wanyanga, en territoire de Walikale. Le torchon brûle entre communauté Hutu d’une part et Nande et Nyanga, d’autre part.
A l’origine de la tension qui a fini par ainsi dégénérer se trouve une information rapportant que la population locale avait aperçu, la veille, un groupe de civils Hutu portant des armes à feu entrer dans le camp des refugiés Hutu situé à l’entrée de ce village. Or c’était tard dans la nuit, aux environs de 23 heures (heures locales). Aussi, les habitants autochtones se sont-ils alertés pour poursuivre ces porteurs illicites d’armes jusque dans le camp et se sont donné le courage de perquisitionner les habitats disponibles. Cette opération a déniché une autre cache d’armes en plein camp. Mais, en réalité la tension qui explose ce jour couvait déjà depuis toute la semaine dernière, lorsque la population autochtone remarquait avec inquiétude un afflux des familles Hutu inconnues qui arrivaient et s’installaient dans cette localité, estimant revenir au bercail.
Les résidents de ce camp se voyant harcelés, ont riposté et ont tabassé à mort un de leurs envahisseurs. La situation a vite dégénéré en véritable guerre entre les deux parties. Les autochtones ont mis le feu sur toute habitation construite dans ce camp dès la matinée de ce 13 juin. Spontanément cette violence a embrasé toute la localité, car les autochtones ont aussitôt progressé vers un deuxième camp qui a été également mis à feu.
Les FARDC venus en intervention ont tenté de maîtriser la tension en tirant sur les protagonistes, précisément sur les autochtones en colère contre les refugiés Hutu. Un agent du centre de santé de la place, Monsieur SADIKI, tomba victime sous une balle de l’armée et en mourut sur le champ. Néanmoins, la tension n’a pas de tout été maîtrisée.
Le premier bilan provisoire annoncé dans la matinée du 13 juin faisait état de trois morts dans le rang des refugiés Hutu, un mort et deux blessés du côté de la coalition Nyanga-Nande. Cependant, ce bilan aurait été plus lourd au cours de la journée, avec de dégâts humains et matériels plus importants.
Le matin de ce 14 juin, cette guerre s’est répandue jusqu’à Rusamambo où tous les camps des réfugiés ont été également incendiés. Pour les autochtones, il ne sera désormais plus besoin de camps de réfugiés rwandais à Buleusa ni à Rusambambo. C’en est fini une fois pour toutes !
La population autochtone jure devoir sacrifier jusqu’à leur sang pour protéger la terre de leurs ancêtres qu’elle n’abandonnera plus jamais. Elle exige que ces refugiés Hutu rwandais retournent dans leur pays d’origine.
La cohabitation inter-communautaire, spécialement les relations de différentes communautés locales envers la communauté rwandophone, s’est beaucoup fragilisée à cause de tragédies qui ont caractérisé les territoires de Beni et de Lubero ces jours. Voici que la répercussion de ces tragédies affecte déjà les territoires environnants. L’explosion actuelle de conflit engageant les autochtones contre les Hutu à Buleusa, dans le territoire de Walikale, est de nature à rouvrir la plaie déjà cicatrisée depuis plusieurs années, plaie issue de la longue histoire d’animosité entre Hutu d’une part et Nyanga et Hunde d’autre part. il serait impérieux que les autorités politico-administratives et sécuritaires du pays, ou mieux celles de la province du Nord-Kivu, en collaboration avec la MONUSCO, s’y mettent en urgence pour prévenir la fragile harmonie sociale qui caractérise toute la province du Nord-Kivu. Car les soupçons et la suspicion ont repris de l’ascenseur entre communautés de manière inquiétante.
Car, il y a lieu de redouter que ces violences gagnent davantage du terrain dans le proche avenir, compte-tenu de mouvement de migration qui ramène actuellement des Hutu rwandais qui venaient de séjourner un moment à Tchabi, en Ituri, vers Masisi et Walikale où ils prétendent regagner leur fief, pendant que les autochtones de ces zones ne les reconnaissent pas.
KASEREKA KAMATHE Roland
Kanyabayonga
©Beni-Lubero Online.





