





Les tueries ciblées des Nande et des Hutu Modérés (entendez par là ceux qui n’approuvent pas l’occupation rwandaise ou l’arrogance des retournés du Rwanda) sont tellement intenses que plusieurs observateurs ne s’empêchent plus de les qualifier de génocide. Les évêques catholiques congolais étaient les premiers à qualifier les massacres des populations congolaises de « génocide silencieux » dans leur déclaration « La R.D. Congo pleure ses enfants, elle est inconsolable (cf. Mt 2,18) : Déclaration du Comité Permanent des Evêques sur la guerre dans l’Est et dans le Nord-est de la R.D.Congo, Kinshasa, 13 Novembre 2008, Ss.2 ». C’est dommage que depuis 2008, les mêmes évêques n’ont pas fourni d’autres efforts pour que s’arrête le génocide congolais en cours. Si en 2008 on pouvait parler de génocide silencieux, aujourd’hui il n’en est plus le cas car les tueurs avertissent leurs bourreaux ouvertement et leurs chefs s’en glorifient. ( cfr. Mémorandum du Kyaghanda Rutshuru)
Comme pendant le premier génocide du Rwanda en 1994 ( le deuxième ayant été commis au Congo dans les camps des refugiés Hutu et dans les forêts congolaises) les tueries ou actes de génocide sont l’œuvre des extrémistes Tutsi et Hutu. Les victimes sont des Nande, des Hutu, voire des Tutsi. Comme Charles ONANA l’a si bien démontré dans son livre, « Ces Tueurs Tutsi au cœur de la tragédie congolaise», parmi les Interahamwe que le Rwanda toujours prétendu chercher au Congo et qu’il appelle les « tueurs Hutu », « il y avait aussi des Tutsi, à commencer par le chef même des miliciens, un Tutsi dénommé Robert Kajuga » ( p.266). Le FPR de Paul Kagame, poursuit ONANA, avait infiltré les Interahamwe pour accentuer la haine dans la capitale Rwandaise (p267). Plus loin, ONANA rapporte le témoignage de Jean-Pierre Mugabe, un officier qui travaillait pour les services de renseignement du FPR : «Kagame n’aspirait qu’à être l’homme fort du Rwanda, le sang des Tutsi et des Hutu modérés n’avait à ses yeux aucune importance (p269). (…) Défendre les Tutsi n’a jamais été la priorité de Kagame. Au contraire, leur mort servait sa cause et ses objectifs » (p270).
Cette situation du Rwanda en 1994 semble se répéter au Nord-Kivu aujourd’hui. La haine de tous est attisée et manipulée par les extremistes pour conduire l’Est du pays au chaos. C’est pourquoi tous les groupes armés, même ceux qui n’existent pas, sont considérés comme toujours actifs dans les médias proches des occupants et les rapports des experts internationaux, pour entretenir la tension et la haine dans l’imaginaire collectif. L’objectif de cette manipulation de tous, est de faire du conflit une affaire congolo-congolaise et laver blanc comme neige les vrais commanditaires tapis dans l’ombre. Le génocide en cours au Nord-Kivu semble ainsi être l’oeuvre du même cerveau que celui qui avait planifié celui de 1994 au Rwanda, jusqu’à faire passer les génocidaires comme les victimes, et les victimes comme les génocidaires. L’objectif de toute cette manipulation est de rendre l’Est du Congo ingouvernable jusqu’à pousser l’ONU et les USA à mettre le Kivu et la Province Orientale sous mandat spécial de l’ONU, après extermination des populations congolaises (quelle que soit leur appartenance ethnique) qui s’opposent au diktat rwandais dans la région. C’est à ce prix que s’ouvrira le boulevard de la balkanisation de la RDC.
Au Rwanda en 1994, les forces onusiennes de la MINUAR sous le commandement du Général canadien Roméo Dallaire, avaient assisté sans intervenir aux massacres des Tutsi et des Hutu. « Le premier massacre de masse (120 assassinats) avait été perpétré par le FPR (à un jet de pierre du QG de la MINUAR) le 7 avril dans la matinée, bien avant les massacres reprochés aux Interahamwe » (Charles ONANA, op.cit., p 271).
Le rôle ambigu de la Monusco au Congo rappelle ainsi celui de la MINUAR et du Général Roméo Dallaire. La mission de la Monusco semble être celle de faire aboutir le processus de la balkanisation du Congo que celle d’aider le Congo à obtenir gain de cause dans l’agression et l’occupation rwando-ougandaise dont elle est victime aujourd’hui. La monusco n’a ni plan réel ni une volonté de sécurisation des populations congolaises victimes du génocide en cours.
C’est ainsi que le cri SOS venant du Kyaghanda Rutshuru doit être pris au sérieux. Les forces vives de la Province du Nord-Kivu en collaboration avec toutes celles de la RDC, doivent faire le constat que le peuple congolais est abandonné à lui-même et inventer dans l’immédiat des voies et moyens pour arrêter le génocide en cours. (BLO)
Photos de 5 Jeunes Victimes du Quartier Buturande, Kiwanja, Territoire de Rutshuru
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