





Bien qu’il ait accouché d’une souris, ci-dessous le texte intégral de l’Accord d’Addis-Abeba du 15 juillet 2012. En le parcourant on se rend compte que le Congo est pris dans le piège de l’internationalisation de son conflit pour le forcer à sacrifier sa souveraineté comme Etat-nation à l’autel de ce qu’on appelle mondialisation de l’économie. Au lieu de traiter le conflit congolais pour ce qu’il est, c’est-à-dire une agression de la R.D.C par le Rwanda et l’Ouganda, le conflit est abordé dans les cercles de ceux qui tirent profit de son internationalisation comme « conflit des Grands Lacs ». C’est ainsi qu’au lieu que la RDC, la plaignante, joue son rôle, c’est la CIRGL qui est devenue l’organe de la résolution de ce conflit des Grands Lacs Africains.
Poignée de main d’Addis-Abeba entre Paul Kagame du Rwanda (G) et Joseph Kabila de la RDC (D)
La violation de l’accord d’Addis-Abeba par le Rwanda et l’Ouganda une semaine seulement après sa signature indique combien les organisations régionales africaines sont des simples écrans pour les intérêts des Grandes Puissances et leurs multinationales qui constituent le vrai organe de résolution du conflit congolais. Ainsi, après avoir réfuté le raport des experts de l’ONU, le Rwanda a continué à soutenir le M23 en violation de tous ses accords antérieurs avec la RDC. Il a fallu que les USA, l’Allemagne, l’Angleterre, et la Hollande menacent de couper leur aide au Rwanda pour qu’on reparle de dialogue avec le M23. Il faut souligner que ces pays occidentaux n’ont jamais demandé au Rwanda et à l’Ouganda de retirer leurs troupes de la RDC. Aussi, la condamnation voilée du Rwanda n’était pas suivi par un amour du peuple congolais dont les morts et les femmes violées laissent les décideurs internationaux indifferents.
Un autre fait étonnant est le fait que c’est la victime RDC qui est la première à parler de nouveau de dialogue ou d’évaluation des fameux accords du 23 mars 2009 avant que le M23 ne dépose les armes. De toute évidence, les vrais commanditaires du conflit congolais ont de nouveau agi dans les coulisses pour sauver la face de leurs marionnettes du courroux du peuple congolais.
On comprend aussi pourquoi dans le texte de l’Accord d’Addis-Abeba, il n’y a aucune référence aux ressources congolaises telle le peuple congolais, le parlement, etc. pour mettre fin au conflit. Tout est fait pour que l’Etat-Nation RDC soit vidée de sa substance et privée de toute initiative nationale de sécurité qui implique une participation active du peuple congolais.
Le paragraphe 11 de l’Accord d’Addis-Abeba sous-entend que les causes du conflit dont le bilan humain est estimé à 8 millions des morts congolais, ne sont pas encore connues. C’est ainsi qu’il faut recourir aux envoyés spéciaux Benjamin Mkapa de Tanzanie et Olusegun Obasandjo du Nigeria «pour trouver les causes profondes des conflits dans l’Est de la RDC et ainsi proposer une solution durable’’.
La CIRGL qui doit prendre toutes les décisions sur la RDC n’a pas les moyens de sa politique pour assurer un secours humanitaire aux victimes du conflit. C’est pourquoi elle fait appel à la nébuleuse de la Communauté internationale (Ss 9), au Secrétaire Général des Nations-Unies (Ss11). Aucune aide humanitaire n’est attendue des pays de la CIRGL qui ressortent ainsi comme simples écrans des Grandes Puissances et leurs multinationales….
Ci-dessous le texte de l’Accord :
– Nous, chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), réunis à Addis-Abeba, en Ethiopie, au siège de l’Union Africaine, le 15 juillet 2012, en marge de la Dix-neuvième (19è) session de la conférence de l’Union Africaine (15-16 juillet2012), sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo, aux fins de consolider la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs ;
*Ayant examiné le rapport de la session extraordinaire du Comité Interministériel Régional (CIMR) de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs), tenue à Addis-Abeba, au siège de l’Union Africaine, le 11 juillet 2012, sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo ;
*Reconnaissant que la gravité de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo constitue une menace sérieuse à la paix, la sécurité, la stabilité et le développement dans toute la région des Grands Lacs ;
*Constatant la persistance des forces négatives et groupes armés dans l’Est de la République Démocratique du Congo ;
*Réitérant l’engagement pris aux termes de la Déclaration de Dar-Es-Salaam sur la paix, la sécurité, la Démocratie et Développement dans la Région des Grands Lacs du 20 novembre 2004, exprimant «notre détermination collective à faire de la région des Grands Lacs un espace de paix et de sécurité durable, et ce pour les Etats et les peuples, de stabilité politique et sociale, de croissance et de développement partagés, un espace de coopération fondé sur des stratégies et politiques de convergence dans le cadre d’un destin commun que nous sommes déterminés à réaliser…»
*Rappelant notre engagement ferme aux termes du pacte de la CIRGL sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs du 15 décembre 2006 et des protocoles y afférent, notamment le protocole de non- agression et défense mutuelle dans la région des Grands Lacs ;
*Rappelant également la décision prise lors du quatrième Sommet Ordinaire tenu à Kampala du 15 au 16 décembre 2011 des Chefs d’Etat de la CIRGL, d’éradiquer les groupes armés existant actuellement dans la région, conformément au protocole de la CIRGL sur la non- agression et la défense DECIDONS ce qui suit :
1. Approuvons et endossons les décisions de la réunion extraordinaire du CIMR ;
2. Condamnons fortement les actions du M23 ainsi que celles des autres forces négatives opérant dans la région et appuyons les efforts déployés par le gouvernement de la RDC pour la restauration de la paix et de la sécurité dans la province du Nord Kivu ;
3. Condamnons fortement les activités continues et non contrôlées des FDLR et en appelons à une action militaire immédiate pour éradiquer cette menace ;
4. Demandons aux structures appropriées de la CIRGL de travailler avec l’Union Africaine et les Nations Unies en vue d’établir immédiatement une Force Internationale neutre pour éradiquer le M23, les FDLR, ainsi que toutes les autres forces négatives opérants dans l’Est de la RDC et pour assurer le contrôle et la sécurisation des zones frontalières ;
5. Donnons instructions aux ministres de la défense de la CIRGL de se réunir dans les plus brefs délais pour voir, superviser et accélérer la mise en œuvre de leurs décision sur les forces négatives dans la région des Grands Lacs prises lors de leur réunion à Kigali le 9 septembre 2011 ;
6. Exigeons de toutes les forces négatives, en particulier le M23, la cessation immédiate de leurs activités armées et qu’aucun appui ne puisse leur être accordé aux fin de déstabiliser la région, et plus particulièrement dans l’Est de la RDC;
7. Demandons aux Etats membres de la CIRGL de mettre en œuvre dans sa totalité le pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs et plus particulièrement le Protocole sur la Non-agression et la Défense mutuelle dans la région des Grands Lacs ;
8. Encourageons fortement les gouvernements de la RDC et du Rwanda à mettre en œuvre totalement leurs bilatéraux dans la lutte contre l’insécurité dans l’Est de la RDC, plus particulièrement l’opérationnalisation complète du Mécanisme Conjoint de Vérification et d’ouvrir ce mécanisme à d’autres Etats Membres de la CIRGL ;
9. Appelons la communauté internationale à apporter urgemment une aide humanitaire appropriée aux victimes des violences dans l’Est de la RDC, plus particulièrement dans la province du Nord Kivu et à étendre l’aide en question à toutes les populations victimes dans toutes les zones affectées ;
10. Prions les officiels des Etats membres de s’assurer que leurs discours, leurs attitudes, leurs prises de position publiques, leurs écrits ainsi que toutes autre intervention de leur part s’inscrivent dans la logique de la promotion de la paix, la sécurité et la stabilité, et qu’ils se comportent comme des artisanats et des promoteurs de la paix ;
11. L’établissement immédiat d’un mécanisme de suivi à travers la réactivation de l’Equipe d’Envoyés Spéciaux composée de S.E Benjamin Mkapa et S.E le Général Olusegun Obasandjo pour trouver les causes profondes des conflits dans l’Est de la RDC et ainsi proposer une solution durable.
Le Secrétaire Général des Nations Unies est appelé à appuyer cette initiative ;
12. La mise en place d’un groupe Ad-hoc de six experts indépendants conformément à l’article 25 du pacte, lequel groupe devrait préparer et soumettre un rapport sur la situation dans l’Est de la RDC à la prochaine réunion du RIMC.
13. Donnons instruction au Secrétaire Exécutif de la CIRGL de faire le suivi de la mise en oeuvre des décisions de ce Sommet extraordinaire et d’en soumettre régulièrement les rapports au Président de la CIRGL.
Fait à Addis-Abeba (Ethiopie), le 15 juillet 2012
© Beni-Lubero Online





