





La vérité est têtue, récalcitrante, au coup raide ! Toujours invincible, elle s’impose. Qui que l’on soit, on doit la confesser, même à contrecœur, tôt ou tard. Elle transcende l’histoire. Rien n’est si grand, personne n’est si puissant pour la contenir sous son pouvoir. Le gouvernement congolais a réalisé ce défi, et confesse, enfin, par la bouche de son Ministre, Monsieur Lambert MENDE, que les tueurs de Beni sont des « Hutu ». N’est-ce pas là un sursaut étonnant, quand on a été témoin de l’obstination des autorités congolaises à empêcher toute lumière sur les crimes en cours à Beni ?
Loin d’être une comédie, c’est plutôt une tragédie atroce, pire que les théâtres tragiques qui faisaient plaisir aux Romains des temps antiques. Oui, il a été voulu ainsi au nom du besoin de la conservation et du prolongement du pouvoir.
Pendant dix-neuf mois, le gouvernement congolais n’a cessé, jour après jour, d’identifier les tueurs de Beni en termes de présomption, « les présumés ADF/NALU ». Il s’est obstiné délibérément dans cette option en dépit de toutes les preuves et des témoignages les plus accablants qui ont permis à la population victime de ces atrocités d’identifier ses ennemis avec précision : ce sont des rwandais . Même la voix-rapporteuse à renommée mondiale du gouvernement congolais, en la personne de son Ministre de l’Information, qui n’a jamais manqué de se prononcer jusque sur des sujets les plus banals, s’est mystérieusement tue. Est-ce par ignorance des faits ? Bien sûr que non ! Les violences de Beni ont fait retentir leur échos dans tous les quatre coins du monde, pour que les dirigeants de la R.D. Congo prétendent en ignorer l’ampleur : la population victime aura beau crié sa souffrance, la société civile locale aura beau alerté, les Députés du Nord-Kivu l’auront maintes fois dénoncé, même le rapport de la commission parlementaire ayant effectué une mission sur terrain à Beni est resté muet ! Ah ! Si seulement tous les délégués du peuple pouvaient prendre en compte ce courage « suicidaire » des Députés du Nord-Kivu !…
Hélas ! Le gouvernement a gardé un silence de mort. Le Parlement a bandé sa bouche. On a vu cela et on le voit encore. Pourquoi donc ? Tous les services de renseignement (civils et militaires) présents sur terrain auraient-ils manqué le professionnalisme requis pour édifier les autorités du pays sur ce qui se passe à Beni ? Pas du tout ! Il sied simplement de reprocher aux Institutions politico-administratives et sécuritaires du pays leur attitude hypocrite, car rien ne leur échappe. Et personne parmi nos dignitaires ne dira quoi que ce soit, parce que l’instauration d’un nouvel ordre de gestion de la « Res Publica » (les choses publiques ou simplement la République) est en marche chez nous : il s’agit d’un système qui consiste à se maintenir le plus éternellement possible au pouvoir et de s’ériger en « homme fort » d’Etat. Le régime en place a observé ce genre d’ambition politique avec admiration auprès de ses voisins et y a pris goût, avec l’encouragement de ceux qui lui ont offert leur parrainage. Pour y arriver, tous les moyens sont permis et rien n’est prohibé. Ces parrains étrangers imposent le schéma à suivre et, au besoin fournissent des personnes capables de l’exécuter. Voilà pourquoi des rwandais doivent être infiltrés pour massacrer à Beni et en Ituri, étant donné que les congolais ne sauraient exécuter de telles actions qui ne sont pas de l’ordre de leur culture. C’est un bon amusement pour les voisins, ils rient et applaudissent, quand ce théâtre transforme Beni, et tout le Nord-Kivu, en marrée de sang humain. Et les autorités congolaises y consentent, par une complicité tacite, pour des intérêts égoïstes.
Qu’est-ce qui ferait douter que les massacres en cours à Beni aient été planifiés et exécutés pour le même besoin (prolongement du pouvoir) ? Car autant de témoignages mettent en exergues l’appui des autorités, au niveau provincial et national, aux tueurs, en matière de leur immigration clandestine, leur transport vers Beni, leur relocalisation, la couverture de leur vraie identité, leur ravitaillement en armement et leur protection au détriment des autochtones.
Voilà pourquoi Lambert Mende ne pouvait jamais porter le problème de Beni « à la une », malgré son éloquence réputée. Nul n’ignore que ce dernier s’est progressivement révélé comme l’incarnation de la voix du régime en place. Et, si la pression de la société civile de Beni-Lubero l’a forcé à accuser ouvertement les « Hutu », il manquera pourtant d’argument pour expliquer d’où viennent-ils, comment sont-ils parvenus à s’installer à Beni et en Ituri, et que veulent-ils par ces crimes. La velléité du Ministre de l’Information fait suite à celle du gouverneur de province du Nord-Kivu qui a tenu le même langage à l’issue des dénonciations populaires qui ont acculé le pouvoir en place au lendemain des derniers massacres d’Eringeti. Le gouvernement congolais vient d’engager ainsi une contre-pression pour amener le peuple meurtri de Beni à renoncer aux démarches entreprises en vue d’exiger les enquêtes internationales et un Tribunal Pénal International pour ces crimes dénoncés.
Or, le souvenir des tragédies vécues au quotidien est tellement présent dans la mémoire que la population victime ne saurait paraitre si naïve. Ceux qui ont voulu chargé malhonnêtement Mbusa Nyamwisi de la responsabilité de leur crime ont subitement l’air paniqué.
A Beni, le pouvoir en place ne saura certainement point reprendre le masque par lequel il a voilé son vrai visage pendant longtemps. Fini la ruse du pompier-souffleur ! Le dessein profond du régime s’est pleinement révélé, lorsqu’il a engagé les FARDC sur la voie de complicité aux côtés des égorgeurs des innocents, comme victimes à sacrifier pour conserver le pouvoir. En fait, il y a lieu d’affirmer que les FARDC n’ont vraiment pas traqué les assassins des civils à Beni ; au contraire ils les ont souvent accompagnés dans leurs actions, les ont protégés et les ont même ravitaillés . Ils n’ont jamais présenté au public un seul assaillant, vivant ou mort, comme preuve de leur opération ; c’est plutôt la population « sans armes » qui en a toujours fourni les preuves, lesquelles ont été aussitôt récupérées par ces militaires, en faisant toujours l’effort de les dissimiler.
D’ailleurs, les opinions devraient pressentir que bientôt le gouvernement tendra à détourner l’attention portée actuellement sur les crimes de Beni, en amplifiant un nouveau scenario qui vient d’être monté pour inculper le Président en puissance de la R.D. Congo, Monsieur Moise Katumbi . Tout esprit averti percevra d’emblée que la lutte pour la conservation du pouvoir a multiplié ses stratégies : entretien des massacres, des violences, d’insécurité ; campagne acharnée pour un dialogue politique non justifié, la course à l’interprétation erronée de l’article 70 de la Constitution , installation précipitée (et sans budgets) des nouvelles provinces ainsi que l’élection entachée de corruption des gouverneurs desdites provinces, dédoublement du mandat des gouverneurs des anciennes provinces, des Députés provinciaux et des Sénateurs qui se trouvent en poste depuis 2006 jusqu’à nos jours sans renouvellement de leur mandat…
La communauté internationale aurait dû mieux faire diligence pour répondre à la requête de la population de Beni dont le salut dépend uniquement des enquêtes internationales indépendantes et d’une opération de genre Artémis, tel que le souhaite la société civile de Beni-Lubero.
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