





Le Vendredi 14 octobre 2011, le Président Américain Barack Obama a informé le congrès américain de l’envoi d’une centaine des forces spéciales américaines en Ouganda pour la traque de Joseph KONY, le leader de la rébellion ougandaise dénommée LRA (Lord Resistance Army = Armée de Résistance du Seigneur). Le LRA est un mouvement politico-religieux créé en 1987 par Alice Lakwena (aujourd’hui décédée) et qui figure sur la liste américaine des organisations terroristes. Plusieurs ONG ougandaises et internationales battent campagne depuis des années pour la capture ou la mise hors d’état de nuire de Joseph KONY. Cette campagne s’est intensifiée aux USA après la tuerie de Ben Laden et d’Anwar al-Awlaki, le printemps arabe (Tunisie, Egypte, Libye) où le leadership de Barack Obama a été déterminant.
Joseph KONY, leader du LRA/Ouganda
D’après la lettre d’Obama, la zone d’action terroriste de la LRA où se fera la traque de Joseph KONY sous commandement américain comprend : Le Nord de l’Ouganda, le Sud-Soudan, la R.D.Congo et la République Centre Africaine. Par erreur ou lapsus comme les américains en commettent concernant la géographie africaine, le professeur Obama a mis tous ces quatre pays en Afrique Centrale en dépit du fait que l’Ouganda et le Sud-Soudan appartiennent plutôt à l’Afrique de l’Est.
Ce lapsus est interprété par certains observateurs congolais comme une indice que c’est le géant de l’Afrique Centrale, la RDC, qui est bel et bien au centre de la mission des forces spéciales américaines envoyées par Obama.
Pour d’autres observateurs, le timing de la période électorale en RDC rend difficile l’analyse de la vraie motivation d’Obama. Ne pouvait-il pas attendre l’élection du nouveau président de la RDC pour nettoyer les écuries d’Augias ? Pourquoi les USA peuvent-ils lancer une opération militaire dans une R.D.Congo en pleine campagne électorale? Il est vrai que le libellé de la lettre d’Obama ne fait pas explicitement mention de la RDC encore moins de ses élections.
Pour les uns, c’est une bonne nouvelle, car la capture de Joseph KONY mettrait fin aux souffrances des congolais de la Province Orientale en même temps qu’elle enlèverait tout alibi à Yoweri Museveni d’intervenir militairement de manière intempestive en R.D.Congo.
Mais tenant compte du fait que les USA comme tous les Etats du monde ne font jamais rien sans intérêt, d’autres observateurs s’interrogent sur l’intérêt des USA dans la traque de Joseph KONY. Si l’on prend en considération le fait qu’actuellement le Rwanda et l’Ouganda sont les deux protecteurs privilégiés des intérêts américains en Afrique Centrale et Orientale, on peut conclure que les forces spéciales américaines ont comme mission de consolider et d’élargir la zone d’influence américaine en Afrique Centrale et notamment en R.D.Congo. Le pétrole du graben albertin est aujourd’hui au cœur de plusieurs intérêts dans la région et dans le monde. A cela, il faut ajouter le coltan, le gaz méthane, la cassitérite, l’or, le diamant, le bois, etc. du Kivu-Ituri.
Pour plusieurs observateurs congolais, la coïncidence de la traque de Joseph KONY avec l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri, une violation de la charte de l’ONU mais qui curieusement n’est ni condamnée par le régime congolais, l’ONU, les USA, etc. ne semble pas être un fait du hasard. Les congolais savent que l’agression rwando-ougandaise est soutenue depuis le début par les USA et alliés. Certains hommes politiques des USA se sont déjà plusieurs fois exprimés en faveur de la balkanisation de la RDC, du mouvement des populations congolaises pour créer des équilibres nouveaux dans la région, de l’appartenance du Kivu au Rwanda, du partage des richesses du Kivu avec les pays voisins plutôt pauvres, du marché commun avec les pays de l’Afrique de l’Est, etc.
Depuis le début de ce mois d’octobre 2011, les congolais assistent à une intensification de l’afflux des rwandais et des ougandais au Kivu-Ituri. Le silence du gouvernement congolais, de l’ONU et des grandes puissances poussent certains congolais à conclure que l’occupation rwando-ougandaise de l’Est de la R.D.Congo est entrée dans une phase irréversible, du moins si l’on en croit les occupants. Même Obama, au lieu de la condamner, envoi des forces spéciales pour lancer une autre guerre dans la même région. D’où la conclusion que l’occupation rwando-ougandaise du Kivu-Ituri attend profiter de la traque de Joseph KONY pour s’implanter durablement. La traque de Joseph KONY par les forces spéciales américaines, les troupes rwandaises qui sont déjà opérationnelles au Kivu-Ituri, et l’armée ougandaise peut camoufler ainsi la dernière bataille dont les occupants ont besoin pour anéantir les résistants congolais qui, bien que mal armés, déraillent depuis 15 ans le projet d’ occupation rwando-ougandaise. Ainsi, la traque de Joseph KONY peut être un cache-sexe de la traque des résistants congolais. En effet, Joseph KONY est connu dans la région, surtout chez les Acholi de l’Ouganda, comme allié de Yoweri Museveni pour camouffler la présence militaire ougandaise en R.D.Congo.
Dans un article du 30 mars 2010 Beni-Lubero Online avait fait part d’un constat des experts militaires américains après l’échec de l’opération « coup de tonnerre » que le gouvernement de George W. Bush avait monté pour capturer Joseph KONY. Une fuite d’info par des militaires ougandais qui collaboraient avec les forces spéciales américaines avait fait échouer l’opération. (https://benilubero.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1880:le-jeu-de-museveni-avec-le-lra-de-joseph-kony-dsqu&catid=15:editorial&Itemid=48)
La stratégie du Président Yoweri Museveni est la même que celle de Paul Kagame. Les deux règnent sur l’Est de la RDC par milices interposées qu’ils ne veulent jamais démantelées. Dans ce jeu malsain, ils jouissent de l’appui de ceux qui les utilisent pour piller les ressources des régions sous la coupe de leurs milices ou rébellions.
Yoweri Museveni utilise la LRA pour justifier l’envoi régulier de ses troupes en Province Orientale et le budget colossal de la défense ougandaise auprès de ses bailleurs.
Paul Kagame utilise les FDLR, après le RDC-GOMA et le CNDP, pour garder ses troupes au Kivu.
Cette stratégie réussit aux deux Présidents HIMA-TUTSI de l’Afrique grâce à la complicité du gouvernement congolais mais aussi des politiciens, toutes tendances confondues.
Après l’échec de l’opération « coup de tonnerre » de George W. Bush, Barack Obama revient à la charge mais ne change pas le capitaine de l’équipe qui a échoué en 2008. Officiellement, Yoweri Museveni n’a jamais été réprimandé pour l’échec de l’opération « coup de tonnerre ». Qu’est-ce qui explique qu’il ne mettra pas de nouveau une équipe complice de KONY à la disposition des forces spéciales américaines ?
Depuis 2010, les formateurs militaires américains étaient signalés en Ouganda pour la formation d’une armée d’intervention dans les catastrophes humanitaires. Si à l’époque on avait à l’esprit la Somalie et le Sud-Soudan, depuis six mois ces experts américains sont signalés dans un camp de formation militaire prés de la frontière congolaise à BUNDI BUJO/ Côté ougandais. C’est de ce camp de formation que partent les nouveaux rebelles qui investissent aujourd’hui le territoire de Beni et de Mambasa sous le faux label d’ADF/NALU.
Quand on met tous ces faits ensemble, la traque de KONY ressemble à un arbre qui cache la forêt ou un alibi pour l’occupation rwando-ougandaise de l’Est de la RDC telle que planifiée par les USA et alliés depuis le début de l’agression rwando-ougandaise de la RDC en 1996.
Devant ce grand risque pour la RDC, tenant compte de la complicité du gouvernement congolais et des politiciens congolais toutes tendances confondues, dans la partition de la RDC, considérant le silence de l’ONU, tenant compte des ONG internationales et locales qui distraient la population congolaise de sa vraie lutte de libération avec des projets sans impact sur la nécessité du changement immédiat du régime dictatorial en place en RDC, chaque congolais digne de ce nom, est interpellé. Il faut agir ensemble dans l’immédiat pour sauver la RDC de la partition. Les élections en cours de préparation apparaissent sous ce projecteur comme une vaste distraction des congolais pendant que l’Est du pays est en train de passer sous d’autres mains.
©Beni-Lubero Online





