




Après les Médecins de Beni-Lubero, C’est le tour du Syndicat National des Médecins en R.D. Congo (SYNAMED en sigle) de décréter un deuil national de trois jours en mémoire du Dr. Bahati assassine à Kyavinyonge en Territoire de Beni le 29 Février dernier. Son tueur militaire n’a pas encore été arrêté.
Feu Dr. Franck Bahati
Depuis lors, sur toute l’étendue de Beni-Lubero, les militaires et les policiers sont toujours privés des soins de santé dans les hôpitaux et centres de santé. Et si d’ici le 30 mars les autorités militaires n’ont pas retrouvé le tueur pour qu’il soit traduit en justice, les Médecins sont déterminés à prendre d’autres mesures encore plus sévères à l’égard des porteurs d’armes qui dans ce coin du pays ont la gâchette trop facile.
Dans la Zone de Santé de Kyondo où Dr Franck Bahati était médecin, le deuil est suivi de manière radicale par tous. Ainsi par exemple, le Conseil d’Administration de la Zone de Santé de Kyondo n’a pas été tenu à la date prévue du 7 mars 2008 et a été repousssé à une date ultérieure.
Depuis un certain temps en R.D. Congo, les médecins et professionnels de santé démontrent qu’ils ont une énorme capacité de mobilisation et que leurs menaces sont beaucoup mieux prises aux sérieux que celles d’autres catégories des fonctionnaires de l’Etat. Ceci s’explique par le fait que tous les congolais, y compris les dirigeants politiques, ont peur de mourir. Et comme leur toute- puissance ne peut malheureusement pas guérir un mal de tête, ils se tournent aux médecins pour vivre ou survivre. Mais comme les médecins ne sont pas épargnés par les tueries aveugles, ils sont décidés de ne plus aider un tueur à survivre pour tuer. Que celui qui tue par l’épée se soigne aussi par l’épée. Cette campagne de responsabilisation des porteurs d’armes et de leurs supérieurs hiérarchiques qui a commencé à Beni-Lubero et qui vient d’être relayer au niveau national est un rappel de l’interdépendance qui existe entre les congolais, sans aucune distinction. Nous dépendons les uns des autres voire de la nature, des animaux, de la végétation qui nous entoure. Les militaires dépendent des médecins et vice-versa. Cette interdépendance les invite à la collaboration, à l’échange des services. Malheureusement cette interdépendance est souvent oubliée par ceux qui se croient plus forts et plus malins que les autres. C’est pourquoi des actions concrètes pour rappeler aux contrevenants leur oubli de cette vérité fondamentale sont à encourager et à imiter. L’action des médecins de Beni-Lubero contre les porteurs d’armes est à imiter au niveau national jusqu’à ce que ces derniers reviennent à la raison. L’action contre ceux qui tuent par leurs armes en R. D. Congo est un bon moyen de faire pression aux dirigeants qui ne se meuvent guère des assassinats ignobles devenus pain quotidien partout au pays. Espérons que les trois jours de deuil national en mémoire du Dr. Franck Bahati déclenchera un vaste mouvement de soutien et solidarité au niveau national pour mettre fin aux tueries et à l’impunité des tueurs.
Juvénal Paluku
Butembo
Beni-Lubero Online
.



