





Ambiance tendue à Kinshasa, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi et le PPRD de Joseph Kabila ont planté le décor d’un processus électoral pas très apaisé. Le plasticage des sièges de ces deux partis en début de semaine par des « inconnus », aurait mis le feu aux poudres. A peine que le candidat de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social venait de déposer sa candidature au siège de la CENI, un de ses militants tombait sous les balles de la police. Alors qu’elle était supposée encadrer la foule des sympathisants de l’éternel opposant qui le raccompagnait au siège de son parti à Limete 10 ième rue. Cet incident s’est produit, selon différentes sources, dans une ambiance de représailles entre ces deux formations politiques. Elles accuseraient mutuellement leurs militants d’actes de vandalisme contre leurs représentations respectives et une radio télévision proche de l’UDPS. Ce climat de violence, orchestré par ces deux partis, montre à quel point ses animateurs n’ont aucune prise sur leurs militants. De ce fait, la responsabilité incombe aux dirigeants politiques qui n’ont pas encore su expliquer à leurs bases que le parti au pouvoir est composé d’adversaires politiques et non d’ennemis personnels. Et surtout de l’opposition qui ont une certaine expérience de la gestion de ce genre de provocation générée par le pouvoir en place en pareilles circonstances. Le président sortant et ses acolytes n’ont qu’un seul objectif, fragiliser par tous les moyens les forces qui appellent de tous leurs vœux à l’alternance démocratique. La vigilance consisterait à ne pas lui prêter le flanc.
De la responsabilité de l’UDPS
Ce qui se passe actuellement à Kinshasa, peut ne pas surprendre certains observateurs qui suivent avec attention l’histoire politique du parti cher à Etienne Tshisekedi. A chaque fois qu’il s’est préparé d’importantes échéances pour le pays, l’UDPS s’est souvent illustrée par des violentes manifestations tendant à impliquer le pouvoir en place. Et malheureusement les victimes sont souvent des pauvres militants qui croient aux miracles que le sphinx de Limete n’a jamais opéré même pour lui-même. Tel un charlatan qui promet des milliards à ses victimes alors qu’il est lui-même misérable. L’homme célèbre de la 12 ième rue, a su quant à lui, monnayer nuitamment sa manipulation de la rue. Car très souvent opposant le jour pour la consommation extérieure et collaborateur du pouvoir la nuit contre espèces sonnantes et trébuchantes, renseignent les anciens hommes de l’ombre de Mobutu. Si l’on peut reconnaître à l’actif de l’UDPS, un certain éveil de la conscience politique du peuple congolais et des kinois en particulier, il n’est pas inutile de souligner sa responsabilité dans la destruction du pays. Les congolais ont encore en mémoire les pillages de 1991 et de 1993 qui, bien que consécutives à la crise politico-économique, étaient aussi encouragés par l’UDPS. D’ailleurs, si les congolais étaient capables de s’approprier leur histoire, ils devraient un jour instruire le procès Tshisekedi pour établir sa responsabilité dans la dégradation économique de la RDCongo. Néanmoins, si on peut souligner un certain courage politique à l’un des rédacteurs du Manifeste de la N’Sele de 1967, ce livre vert du MPR (Mouvement Populaire de la Révolution), parti cher à Mobutu, l’opposition à toute idée qui ne viendrait pas de lui, l’inconstance et un certain égoïsme, constituent ses points faibles. On peut même se demander s’il ne cache pas derrière sa radicalité, une certaine incompétence. Car à chaque fois qu’il a été aux affaires, il a toujours su trouver des raisons qui l’empêchent de travailler. Pour rappel, quand il accède pour la première fois au poste de premier ministre du 29 septembre au 1er novembre 1991, la brièveté de son mandat est dû à son refus de reconnaître en Mobutu la qualité de garant de la nation. Son narcissisme politique ne fait pas de lui, selon une certaine opinion, un leader qui prend vraiment à cœur, les aspirations de la population si ce n’est le pouvoir pour le pouvoir. Car dans ses discours, il apparaît rarement des priorités ou des solutions aux problèmes majeurs de la population congolaise. Aujourd’hui par exemple, dans ses sorties, un politicien sérieux congolais, ne peut pas ne pas parler des violences imposées aux populations du nord-est du pays. Et par conséquent, montrer comment il pourrait travailler pour l’avènement d’une paix durable dans cette partie de la RDCongo. On ne peut pas seulement être opposant ou candidat aux élections présidentielles dans les villes et villages sécurisés. Kinshasa et Lubumbashi ne sont pas la RDCongo. Pourvu d’une forte densité démographique, les Kivu renferment de grandes circonscriptions électorales. Hélas, Tshisekedi semble ne pas s’intéresser aux Kivu pour y exercer son opposition alors qu’il se propose de devenir président de tous les congolais.
Eternel opposant contre Mobutu et les Kabila, aujourd’hui il l’est même contre l’opposition
A 79 ans, Tshisekedi compte aujourd’hui plus de trente ans d’opposition politique depuis les années 1980. Une lettre ouverte à Mobutu, consignée avec ses amis du groupe des 13 parlementaires, marque le début de sa carrière d’opposant. Dénoncer le dysfonctionnement des institutions contrairement au contenu du manifeste de la N’sele qu’ils avaient élaboré ensemble était le fondement de leur revendication. Contre les Kabila, il dénonçait la dictature et les étrangers venus avec Kabila Laurent. Quoiqu’une fois revenu de Sun City, alors que les rwandais lui avait promis le pouvoir dans les couloirs, il n’a pas hésité un seul instant de les qualifier de « frères ». Incorrigible inconstant. Aujourd’hui, il va jusqu’à s’opposer contre l’opposition congolaise. Car à Kolwezi, lors de sa dernière visite au Katanga, il confiait qu’il ne reconnaît qu’une seule opposition politique, celle qui vient vers lui. A une question lui posée à cet effet, il répondait: » il y a opposition et opposition au Congo. C’est aux jeunes de venir vers les vieux ». Alors que le rajeunissement de la classe politique est dans l’air du temps. Convaincu de l’authenticité de son opposition, il a même ajouté qu’il y aurait des taupes parmi ceux qui se disent de l’opposition. Ces propos sont révélateurs de l’état d’esprit de l’homme qui veut toujours faire bande à part. Cette attitude regrettable n’est pas sans rappeler l’époque de la Conférence Nationale Souveraine de 1992. Alors que toute l’opposition était réunie au sein de l’union sacrée de l’opposition radicale et alliés (USORAL) et qu’un consensus allait se dégager autour de son nom pour diriger le gouvernement de transition, Tshisekedi savait trouver des moutons noirs parmi certains poids lourds. De peur qu’ils ne lui fassent de l’ombre et qu’ils ne revendiquent pas un peu plus lors du partage du pouvoir, ils étaient exclus de la plateforme. Le scénario paraît être le même aujourd’hui. Ceux qui plaident pour un seul ticket gagnant face à Kabila, après avoir défini un programme de gouvernement à l’instar de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise), l’UFC(Union des Forces du changement) et du MLC(Mouvement pour la libération du Congo), du moins ce qu’il en reste et apparentés, ne l’intéressent pas. Dans ces conditions, si Tshisekedi continue de faire bande à part, on est tenté de croire qu’il fait le jeu du pouvoir sortant. Et qu’il aura ainsi considérablement réduit les chances de l’opposition de gagner les présidentielles de Novembre 2011. Sans oublier que le scrutin est à un tour. Par conséquent faute de consensus autour d’une candidature unique de l’opposition, Kabila risque d’être réélu. Mais aussi aidé par la triche. Car, on peut aussi s’interroger sur l’indépendance de la CENI présidée par Daniel Mulunda, conseiller spirituel du président sortant.
Mbusa Faustin
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