





Doit-on louer la signature d’un accord politique telle qu’elle a été conduite par la CENCO? – Absolument, oui!

Les « Pères de l’Eglise Catholique » ont travaillé d’arrache-pied pour en arriver là. Il serait extrêmement ingrat de ne point reconnaître à leur juste valeur le sacrifice et la patience extra-humains dont la CENCO a fait montre dans le patronage du dialogue politique qui a connu sa conclusion quelques minutes avant l’entrée en histoire de la Nouvelle Année 2017 à Kinshasa. La facilitation du dialogue ainsi conclu aura été la plus grande prédication de l’Eglise Catholique congolaise, et même mondiale, en cette saison de Noël, eu égard au degré d’implication personnelle du pape François lui-même dans les démarches dudit dialogue.
Cependant, au-delà de la signature de l’accord du 31 décembre 2016, un défi demeure; et c’est le plus grand, car se trouvant à la base de méandre politique qui projette toujours d’obscurité et d’incertitude sur l’avenir du pays: C’est triste de constater qu’après environ vingt ans, le peuple congolais et ses dirigeants, aussi bien laïcs que religieux, ne fournissent pas suffisamment d’effort pour connaître à fond et à profondeur Joseph Kabila. Dupés par sa fourberie, ils ont continué à se le présenter comme pacificateur, unificateur, homme du dialogue, héritier (du cœur et de la philosophie) du feu Laurent-Désiré Kabila etc pendant qu’il ne l’est absolument pas. Voilà la source de souffrance et de problème qu’endure le pays depuis plus d’une décennie. Ses mensonges et ses ruses toujours maladroites et mal formulés, profitant de toutes les opportunités possibles, n’ont cessé d’attirer sur la vie du peuple congolais catastrophe sur catastrophes.
Au moment où un accord entrait en signature pour la joie et le bonheur de toute la Nation, Joseph Kabila narguait encore la Nation par un discours dont il convient de revenir sur certaines lignes pour mieux comprendre le genre du chef de l’Etat qu’il est:
1. Dans son adresse à la Nation à l’occasion de fin de l’année, Joseph Kabila dit lui-même que l’année 2016 a été « une année marquée d’embûches, d’épreuves et de complots à répétition ».
– En revenant sur toutes les manœuvres politiques qui ont entraîné le pays dans le glissement du pouvoir vécu en RDC depuis le 20 décembre dernier, quel congolais serait encore assez idiot pour ne point identifier avec précision celui qui est de fait le plus grand comploteur, qui multiplie ses pièges pour maintenir le pays sous son pouvoir maléfique?
– Après avoir jeté une telle désolation sur le pays et ses institutions, c’est encore le même individu, trompant toute vigilance en se faisant partisan au dialogue, bloquait toute issue à la signature d’un accord pacifique jusque tard dans la nuit du 31 décembre 2016, en sabotage à l’Eglise qui offrait son bon office juste au nom de sa mission salvifique, et en guise de mépris à l’endroit du peuple congolais qui n’a aucun prix à ses yeux.
2. Joseph Kabila dit que « 2017 s’annonce comme une année de grands enjeux pour la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité » de la République Démocratique du Congo.
– Est-il possible de croire à toutes ces éloquences? A moins qu’il y ait conversion méthanoïque dans la personne de celui qui les prononce.
– La paix dans le pays n’a jamais été la volonté profonde de Joseph Kabila. C’est pourquoi il n’a cessé de susciter et d’entretenir des groupes armés et des rébellions à travers le pays.Tels sont le CNDP, le M23, les Yakutumba, les Nyatura, les Mai-mai Mazembe, les FDLR, les ADF, la LRA, les rebelles sud-soudanais etc.
– En ce début de l’année 2017, Joseph Kabila annonce la paix, la stabilité et la sécurité pour son pays. Mais au même moment, de l’Ouganda, le chef militaire du M23, le colonel Sultani Makenga, vient de recevoir le financement de Kabila pour réorganiser ses combattants. Il en est de même de la milice Nyatura et une faction de Mai-mai Mazembe qui bénéficient ponctuellement du soutien financier du même président, respectivement par le bilais du Ministre Eugène Serufuli et du gouverneur Juien Paluku, pour déstabiliser les territoires du Nord-Kivu. Il s’agit d’une réelle détermination de Kabila à maintenir l’Est du pays en général, et le Kivu-Ituri en particulier, sous une pression permanente d’insécurité, d’instabilité, de rébellion. C’est un plan qui vise le renforcement du chaos général qui est déjà en place par les troubles perpétrés par les égorgeurs à Beni, par les Nyatura à Rutshuru, les Mazembe dans Lubero, le FRPI en Ituri, les Simba dans Mambasa et Bafwasende, etc.
– Bref, Kabila a déjà mis sur pied sa machine de guerre dans l’Est du pays. C’est une stratégie dont l’objectif consiste à empêcher la tenue des élections au moment voulu par le peuple. Dans cette condition, espérer la stabilité, la paix et la sécurité pour l’Est de la RDC durant une Transition chapeauté par Joseph Kabila reste une pure utopie.
3. Kabila ajoute: « Car seul le peuple, par la voie des urnes, est la source de légitimité ». En demeurant, président de la Transition, Kabila ne rêve qu’une chose: entraîner le peuple congolais dans une manœuvre de referendum constitutionnel qui tiendra lieu des élections générales tant attendues. Voilà à quel niveau Kabila a toujours marchandé la souveraineté du peuple pour satisfaire son appétit insatiable du pouvoir. Il demeure confiant qu’il détient la clé de fraude qui lui permettra de faire passer son ambition à arracher la possibilité de devenir président à vie par le referendum qu’il tient à imposer aux congolais à cet effet.
Concernant les accords signés le 31 décembre, il y a lieu de tolérer toutes les closes qui y ont été retenues, exceptée le glissement du président Kabila comme président de la Transition. Les congolais viennent par cet acte d’être lancés dans une transition dont les limites restent difficiles à circonscrire, tant que Joseph Kabila sera en vie et en état de grâce.
C’est pourquoi Madame Eve Bazaiba Masudi et son Front pour la Défense de la Constitution ont eu amplement raison de mordre à ce piège. Heureusement, le peuple observe et marque sa cotation. Et la sanction des urnes ne tardera pas à s’imposer au moment opportun. Déjà une sélection naturelle est en cours, soumettant au tamis tous les prétendants leaders d’aujourd’hui, en sorte que le Congo de demain n’accordera aucune chance aux opportunistes, aux intrus, aux prédateurs.
Quant au niveau de l’Est, la population se sent nullement impliquée dans l’accord du 31 décembre 2016, après avoir eu toutes les preuves que la politique de Kinshasa place en marge l’Est du pays et ses problèmes prioritaires: les massacres, l’instabilité, l’insécurité, l’incitation des rébellions et des groupes armés par celui-là même que les manœuvres politiques continuent à confirmer comme président de la République, en entorse aux dispositions de la Constitution du pays…
Car, la grande question qui tient les esprits en suspens consiste à s’interroger sur le sort de l’avenir du pays en général, et de l’Est en particulier, au cas où Kabila ne parvient pas à respecter ses engagements dans l’accord qui a été ainsi signé. En effet, tout son vécu à la tête du pays n’ont été qu’une preuve suffisante pour démontrer que sa personne n’est qu’un objet de pessimisme permanent. Il se range dans la série des partenaires malhonnêtes qui n’ont cessé de décevoir les opinions dans des moments les plus cruciaux d’une histoire proche ou lointaine de notre pays dont le souvenir est encore vivant.
« L’illustration suivante fait assez comprendre cette crainte:
– Le 30 juin 1960, la Belgique reconnaissait l’indépendance du Congo au Palais de la nation sans être d’accord avec cet accord…
– Le 24 avril 1990 Mobutu décidait de mettre fin au monopartisme sans être d’accord avec cet accord…
– De 1990 à 1997, Mobutu a plusieurs fois nommé un 1er Ministre dans le rang de l’opposition pour diriger la transition mais sans être d’accord avec cet accord…
– En 1996 à Lemera, Laurent Desire Kabila aurait accepté de céder une partie du territoire congolais au Rwanda et à l’Ouganda mais sans être d’accord avec cet accord…
– A Sun City en 2003, l’Ouganda et le Rwanda acceptèrent de quitter le Territoire congolais sans être d’accord avec cet accord…
– Le 18février2006 Kabila avait promulgué la nouvelle constitution sans être d’accord avec cet accord…
– En 2006 et 2011, Kabila a juré devant Dieu et devant la nation qu’il respectera et fera respecter la constitution mais sans être d’accord avec cet accord…
– Le 23 mars20… le CNDP acceptait de mettre fin à la guerre sans être d’accord avec cet accord…
– En 2014, Kabila a rendu publique les résolutions des concertations nationales sans être d’accord avec cet accord…
– Le 31décembre2016, un accord vient d’être signé entre la MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE ET L’OPPOSITION POLITIQUE (RASSEMBLEMENT) AINSI QUE LA SOCIETÉ CIVILE CONGOLAISE. Les signataires de cet accord seront-ils réellement d’accord avec cet accord ??? Kabila sera-t-il plus sérieux, plus loyal et plus responsable qu’il ne l’a été jusque-là? »
De toutes les façons, l’Est de la R.D. Congo n’a pas besoin de tous ces postes qui se partagent comme du gâteau à Kinshasa, mais de la sécurité et de la paix (la fin des massacres, des groupes armés autochtones et des rébellions étrangères).
Akilimali J.C
Beni
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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