





Kabila a bien joué son jeu. Grande distinction !
Les différentes forces vives du pays auront beau désapprouvé l’opportunité de la tenue d’un dialogue dans le sens que la Majorité au pouvoir le forgeait, mais pour Joseph Kabila ce dialogue resterait l’unique issue potentielle du salut pour sa personnalité, non seulement en tant qu’opérateur politique, mais aussi en tant que citoyen congolais. Car, sur le plan politique, la mort subite de son pouvoir est impatiemment attendue au 19 décembre 2016 ; pendant que, sur le plan purement citoyen, une justice rigoureuse l’attend au terme de ce mandat, en vue de rendre compte de ce qu’a été son pouvoir.
Sauver, pérenniser un régime qui n’a été que dégât, souffrance, malheur…
Si un bilan honnête pouvait être fait des dix dernières années en R.D Congo, il ne sera constaté qu’accentuation inouïe de la pauvreté, obstruction totale de l’espace politique à l’opposition politique, élimination systématique de la liberté des opinions et de presse, évincement de la Nation dans toutes ses capacités et ses potentialités, pillage sans pareil des ressources et trésor du pays, et, pire que tout, l’instauration d’un régime de la terreur stimulé par une cupidité démesurée qui a culminé dans des massacres planifiés par un Etat contre sa propre population pourtant innocente… Chose que l’histoire n’a connue nulle part au monde, un étonnement pour tous !
Kabila avec ses mentors et ouailles est bien conscient de cet état de chose et du genre de conséquences logiques devant en émaner à son endroit : impossibilité d’être toléré par le peuple congolais non pas seulement à son titre du président de la République, mais aussi dans sa dignité en tant que simple citoyen. Il ne mériterait que la prison !
C’est sur la base d’un tel tableau si sombre d’un règne à l’allure véritablement prédateur que le dialogue fut conçu dans le laboratoire Kabiliste ayant l’ambition de pérenniser un régime de la mort. Car le pillage des ressources publiques et l’appauvrissement de la masse qui s’ensuit, l’oppression et l’évincement de la Nation, cette insécurité délibérément installée dans l’Est du pays, cette privation intentionnelle du pays des infrastructures de bases nécessaires, ces massacres volontairement entretenues à Beni, l’importation et l’entretien des rebellions étrangères et leur encadrement contre la population autochtone (les citoyens du pays), tout ceci constitue des facteurs qui n’ont pour effet que de précipiter une Nation vers son anéantissement total , voire même sa disparition en tant Nation.
Tout en sachant que la paix et la prospérité de la R.D Congo ne faisaient pas partie des objectifs de son règne, Joseph Kabila a souvent paradoxalement saisi des opportunités pour persuader les congolais qu’il est le « garant de la Nation, le bâtisseur, le donneur de la paix, l’incontournable, l’unique homme qu’il faut … » C’est pourquoi, on l’a toujours vu récupérer à son honneur tous les petits ouvrages, fruits des travaux pénibles des pauvres congolais, en se précipitant pour les inaugurer personnellement, afin de les classer dans les archives de ses cinq chantiers qui sont demeurés un slogan creux. Il a maintes fois créés des rebellions et groupes armés (CNDP, M23, des Mai-mai), pour ensuite faire semblant de les ramener au dialogue avec le gouvernement, toujours dans le but de se faire fallacieusement applaudir comme l’homme de la paix. Entretemps, ce cynisme ne fait que multiplier le nombre des morts, des déplacés internes, des refugiés à l’étranger, des destructions de peu d’infrastructures encore disponibles) (écoles, habitations, hôpitaux etc.), destruction des tissus économiques (champs, biens de commerce), sans oublier les conflits inter-communautaires qui s’en suivent et éloignent toujours l’avènement d’une paix véritable.
Aujourd’hui encore, loin de propager le pessimiste, il sied de comprendre que le dialogue national dont se vante Kabila n’a été conçu que dans le souci de préserver cette image virtuelle dont se revêt l’actuel président de la R.D. Congo, à savoir «le garant de la Nation », «le bâtisseur », « l’homme de la paix »… Après avoir décidé de fouler au pied la Constitution du pays, Joseph Kabila espère trouver en l’opposition politique et autres congolais rompus dans le patriotisme des boucs émissaires dont il a besoin pour faire porter la responsabilité du chaos qu’il tente d’installer dans le pays pour s’éterniser au pouvoir.
Le peuple n’est pas dupe : le jeu a été clairement compris.
Ce n’est pas en vain que la société civile, les forces de l’opposition politique et toutes les opinions non rangées dans les idéaux Kabilistes ont unanimement opposé leur désapprobation à l’initiative du dialogue que devrait venir conduire Monsieur Edem Kodjo en RDC.
Mais la pression extérieure a ramené les congolais à découvrir une sagesse plus limpide : le principe d’un dialogue national a été finalement adopté avec l’exigence de conduire les débats exclusivement dans le strict respect de la Constitution. C’est sur ce ton que l’Eglise Catholique changer sa position anti à pro dialogue national. C’est également sur ce trait que la société civile et l’opposition politique tendaient vers la tolérance de la tenue d’un tel dialogue, tout en exigeant exécution de quelques mesures pour la décrispation du climat politique.
Et, l’obstination du pouvoir à préserver dans le mensonge, à refuser de libérer les prisonniers politiques et d’opinion, à accepter la réouverture des media proche ou relevant de l’opposition politique et tant d’autres tergiversations ont dévoilé aussitôt le manque de volonté positive du régime en place à aider le pays à émerger de sa crise. Ceux qui ont estimé qu’il est nécessaire de ne point trahir la Nation ont jugé utile de soustraire leur participation au dialogue dès ses travaux préparatoires. Un réel défi que Joseph Kabila et Edem Kodjo, le facilitateur qu’il a réussi d’empocher pour rouler en sa faveur, tentent de minimiser, après avoir promis des « gâteaux » aux opposants opportunistes.
Haute trahison des leaders que le peuple estimait…
La circonstance du présent dialogue national aura été utile au peuple congolais pour lever les illusions qu’il se faisait faussement de certains cadres politiques et pour réajuster le niveau de confiance à placer en chacun d’eux.
Actuellement, l’opposition politique reste une composante dont, avec la société civile, la lutte porte encore la lueur de l’espoir du peuple, surtout dans son aspiration à la démocratie. Aussi, grande a été la déception de constater le niveau de prostitution politique dont certains opposants de haute considération se sont révélés capables ces derniers jours. Ce grief est relevé de manière particulière dans la personnalité de Monsieur Vital Kamerhe qui a finalement démasqué son apparence qui a trompé la Nation depuis bientôt plusieurs années, pour se révéler enfin comme véritable bras de Kabila utilisé pour déstabiliser l’opposition. Il suffit de s’en tenir au témoignage de Monsieur Jean-Bertrand EWANGA, un collaborateur personnel du Vital KAMERHE au sein de l’UNC, pour découvrir que les opposants qui se sont obstinés à prendre part au dialogue contre le gré de la grande famille de l’opposition politique congolaise, s’y sont engagé non pas par souci pour les intérêts du peuple et de la Nation, mais par cupidité (poste ministériel, argent, estime personnel, intérêts égoïste) et par goût de corruption.
La dénonciation de Monsieur EWANGA est suffisamment claire : « Je suis du Rassemblement. J’ai été à Genval. Je suis parmi les géniteurs du Rassemblement. Ce n’est pas la proximité avec Katumbi. Je suis un homme libre. J’ai fait la prison. Ceux qui m’ont emmené en prison sont à leur dernier mandat. Chercher à monter une complicité pour la survie de ces gens, c’est maltraiter les congolais. Savez-vous qu’à Makala, il y a plus de 2000 militaires originaires de l’Equateur qui sont là parce qu’ils sont de l’Equateur. Il y a des gens qui ont été amnistiés et qui sont comme pris en otage là-bas. J’ai souffert comme eux (…) Je ne parle pas des apartés au comité préparatoire. On nous a promis des ministères. On m’a proposé d’être vice premier ministre. On m’a même dit que les enveloppes pourront être données (…) Nos amis nous ont dit clairement que nous sommes là pour modifier la constitution pour que le Raïs continue. »
Oui, Vital ne pourra se comporter que selon la promesse du fauteuil du Premier Ministre.
C’est à vil prix de l’égoïsme qu’ils cautionnent le sacrifice et la mort de toute la Nation : repousser au plus loin possible, et par autant de stratégie, les élections pour donner plus du temps à Kabila en vue d’exterminer davantage des innocents par les massacres de Beni et de tout l’Est du pays, d’anéantir le peu qui reste encore de tissu économique et social, d’importer le plus possibles des forces négatives étrangères destinées à décimer les autochtones… En tout ceci, où est passé l’amour patriotique, cet unique thermomètre infaillible pouvant aider à mesurer la dignité d’un leader politique qui mérite ce nom ?
Tantôt Kamerhe est avec l’opposition qui détient ses préalables pour participer au dialogue national. Tantôt il s’en retire et décide seul d’y participer à sa manière. Tantôt ses propres collaborateurs du parti UNC lui reproche de participer au complot portant à torpiller la Constitution du pays et à prolonger illégalement le règne de Kabila. Tantôt il fait semblant de se retirer du dialogue sous prétexte du désaccord avec la Majorité au pouvoir. Tantôt il réapparait dans des concertations secrètes (dans une négociation commissionnée, non officielle) qui devient malheureusement le laboratoire devant élaborer les résolutions du mensonge qui seront présentées aux opinions comme closes réelles du dialogue « monologue » du pouvoir en place…
Par là la démocratie congolaise a eu son coup mortel. Mais l’opposition au dialogue payera doublement pour sa trahison.
Dans l’attente des résolutions finales du présent dialogue national, un témoin livre une pronostique tirée des fuites de la concertation secrète du 15 septembre 2016, entre cinq membres de la Majorité présidentielle et quatre de l’opposition se trouvant au dialogue. Les congolais devront s’affronter aux faits suivants :
– La refonte générale du fichier électoral qui ne sera prêt que dans les 16 mois.
– Les élections présidentielles, nationales, provinciales et les locales se tiendrons le même jour.
– Les conditions préalables pour l’organisation des locales étant élastiques, celles-ci retarderont inévitablement l’organisation des présidentielles.
– La CENI de Nangaa, responsable du retard actuel du calendrier électoral retardera davantage et intentionnellement les élections tant attendues.
– Les mesures de décrispation politique évoquées par Kamerhe le premier jour volera à l’éclat et ne réapparaitra plus.
– Dans leur compromis du 14 septembre, ils laissent la CENI déterminer seule le calendrier après la fin de l’enrôlement pour reprendre parole sur parole les propos lancés par Kabila à Kasese plusieurs jours avant le lancement du dialogue.
– Par conséquent, la CENI prendra tout son temps, et les trois ans de transition tant recherchée par Kabila et sa majorité au pouvoir aura été pratiquement obtenue.
– La seule garantie pour l’opposition de croire à la sincérité du pouvoir c’était que le Président lui-même se prononce pour dire qu’il ne se représentera pas aux élections présidentielles à organiser, mais malheureusement rien de pareil n’est dit, au contraire les négociations se tiennent par des commissionnaires (TAMBWE, OKITUNDU) même pas les chefs de partis politiques de la Majorité
(MOVA, MINAKU).
– Le prétendu dialogue n’est rien d’autre qu’un monologue pro-Kabiliste.
Donc, à force d’exceller dans le jeu de cache-cache, l’opposition traitresse (celle qui participe au dialogue) elle-même, y compris Vital Kamerhe, risque de ne pas obtenir de plus que cet argent de corruption qui l’a motivée à trahir la Nation.
D’où, « l’opposition loyaliste » ainsi que l’ensemble du peuple qui tiennent encore au changement positif dans le pays devraient prendre acte de ce complot qui menace mortellement la démocratie en R.D. Congo. Une nouvelle preuve de la détermination du pouvoir et ses alliés à tuer définitivement cette démocratie, c’est le fait que les promoteurs du « Mono » dialogue national viennent de décider une prolongation de deux jours pour ces assises, avec une ruse masquée d’organiser le reportage télévisé du débat sur le calendrier électoral le lundi 19 septembre et le mardi 20 septembre 2016, qui coïncident avec le jour où l’opposition appelle la population à descendre dans la rue pour dénoncer le plan machiavélique entretenu par le pouvoir et exiger le respect de la Constitution.
Patrick SHINDANO
Kinshasa.
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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