





Un certain Jésus de Nazareth avait prédit que celui qui tue par l’épée mourra par l’épée (Mt 26,52). Cette sagesse s’est vérifiée à Butembo dans la nuit du 30 au 31 juillet 2010. Un tueur a été tué par des militaires. Une première dans la ville.
Trois jours après sa mort, aucun bubolais sur les 600 000 habitants de la ville de Butembo ne connaît le tueur tué. Pour les bubolais, ce fait conforte l’hypothèse largement répandue que les tueurs qui endeuillent Butembo sont étrangers à la ville ou au service des étrangers. Malheureusement quand les bubolais espéraient découvrir finalement la vraie identité du tueur tué au moyen d’un interrogatoire public qui laisserait transparaître les indices de ses origines, ils ont appris son décès à la suite des coups et blessures lui administrés par les militaires lors de sa capture.

Pour la petite histoire, une bande des malfrats avait attaqué le domicile de l’Inspecteur des Ventes de la SHENIMED, Mr SEFU MANI au Quartier Kalemire, Cellule MUHAYIRWA en ville de Butembo dans la nuit du 30 au 31 juillet 2010. La famille de Mr SEFU MANI avait survécue à l’attaque grâce à la solidité des portes et fenêtres de sa maison qui n’avaient pas facilement cédées comme celles des maisons des pauvres qui souvent n’ont qu’un petit clou comme verrou de securité pendant la nuit. Mr SEFU avait eu le temps d’alerter les gardes du corps d’un commandant militaire voisin de quartier. Ces derniers avaient réussi à faire fuir les bandits et à mettre la main sur un d’eux. Transféré à l’Hôpital de Matanda, le bandit mourra le lendemain à 12h00, heure locale, sans avoir dit mot sur son identité et celle des membres de sa bande.
Pourquoi suspecte-t-on un montage raté ?
Plusieurs éléments poussent les observateurs à suspecter derrière ce meurtre d’un tueur qui passe pour étranger et collabo des militaires, un montage raté d’une opération qui n’avait pas prévu la capture d’un des assaillants.
1*. Contrairement aux mauvaises habitudes des militaires de Butembo, les gardes de corps du commandant voisin ont vite répondu à l’appel. Mieux encore, ils ont mis la main sur un des bandits sans tirer un seul coup de fusil. Ce fait rare dans la ville martyre de Butembo, a été très apprécié par la famille et les voisins qui pour la première fois s’attendait à un interrogatoire serré du bandit pour le lever voile épais couvrant l’identité des tueurs qui endeuillent Butembo depuis l’arrivée des militaires issus du CNDP ! D’où la suspicion que, ayant constaté que le bandit était un militaire étranger à la ville et qu’il n’était pas non plus un Mai-Mai comme son costume voulait le faire croire, les militaires auraient reçu l’ordre de le battre à mort pour effacer les traces. Toujours est-il que certains se posent la question de savoir, si tel était le cas, pourquoi l’aurait-on arrêté au lieu de le laisser courir avec les autres malfrats. A cette interrogation, certains répondent ceux qui l’avaient arrêté étaient probablement des gardes de corps qui ne faisaient que leur travail militaire. Mais après son arrestation, la politique se serait mêlée surtout les civils l’avaient déjà vu. Le relâcher comme d’habitude aurait été grave dans une ville déjà en ébullition. Le maintenir à vie aurait fait découvrir le pot aux roses de l’insécurité dans la ville.
Un cas presque similaire s’est fait voir avec la première victime de l’opération Kata Kichwa à Vutsundo/ Butembo. La victime était un policier. Apprenant sa mort par lapidation, la police locale n’avait pas voulu prendre son corps craignant certainement de porter le triste étendard de bourreau de la population. Il a fallu le courage et l’amour des parents de la victime pour identifier son corps et lui offrir un enterrement en famille.
Mais le tueur tué de la nuit du 30 au 31 juillet n’a pas apparemment de parent à Butembo ! Sa mort avant l’interrogatoire public est ainsi source de toutes les suspicions.
Revenant sur l’attaque de la résidence de Mr SEFU, il convient de signaler qu’elle avait surpris plus d’un dans la mesure où sa résidence est entourée d’un bureau de l’ANER gardé jour et nuit par un peloton des militaires et d’autres gros calibres de l’armée et de la police ayant chacun plusieurs gardes de corps. A plus de cela, le marché de la VICTOIRE qui n’est pas loin, abrite un mini-camp militaire. Pour que des bandits viennent frapper au cœur de cette forteresse militaire, il faut beaucoup de courage ou alors être étranger à la ville.
2* Un autre fait suspicieux est que selon la famille attaquée et les voisins, les assaillants étaient nus comme des Kifua fua, armés de fusils, lances, flèches, couteaux, etc. Sachant qu’il n’y a plus de Mai-Mai dans la région de Beni-Lubero depuis leur démobilisation ou intégration dans l’armée congolaise, cet habillage des assaillants en costume d’Adam et Eve est interprété comme une manœuvre de diversion de l’occupant de faire croire en la présence toujours active des Mai-Mai pour tenter de leur faire endosser ses crimes crapuleux !
Cette stratégie de la victimisation des victimes pratiquée par les agresseurs et occupants de la RDC a déjà été plusieurs fois dénoncée mais elle a la peau dure ! Elle se nourrit de ce que la population locale non avertie peut gober facilement comme vérité et du mutisme du gouvernement local qui subit les événements sans fournir sa version des faits.
C’est ainsi que dans les territoires de Rutshuru et Masisi où le mouvement politico-militaire des refugiés rwandais appelés FDLR avait vu le jour, l’ennemi avait expliqué sa guerre d’occupation comme une guerre contre les FDLR.
A Beni-Lubero, fief des Mai-Mai, l’ennemi veut expliquer sa guerre d’occupation comme une guerre contre les Mai-Mai. Dans le territoire de Beni où il y avait eu des ADF/NALU à l’époque de Mobutu, la guerre d’occupation utilise l’alibi d’une guerre contre les ADF/NALU.
Dans la Province Orientale, on connaît l’alibi de la guerre contre le LRA, les Mbororo, etc.
L’ennemi n’a jamais convaincu les congolais avertis car rien n’explique pourquoi des rebelles étrangers comme les FDLR, ADF/NALU, et LRA tueraient les civils congolais au lieu de chercher à prendre le pouvoir dans leurs pays d’origine ? Et pourquoi n’y a-t-il jamais eu de bataille rangée de grande envergure entre les forces de la coalition RDC-Rwanda-Ouganda et les rebelles étrangers ?
La guerre d’agression et d’occupation dont la RDC est victime est une guerre médiatique où l’ennemi manipule l’information pour cacher son identité et ses objectifs réels. Au contraire, il tente par tous les moyens à faire porter ses crimes aux victimes ou à décourager les victimes dans leur combat auto-défense légitime.
Ainsi par exemple, le fait d’habiller les assaillants en costume d’Adam comme les Mai-Mai est à mettre sur le compte de la nouvelle manipulation de l’information pour expliquer la poursuite de la guerre d’occupation de Beni-Lubero en s’attaquant aux populations civiles accusées d’abriter des Mai-Mai.
Une nouvelle manipulation de l’information est entrain de naître dans les medias à la solde de l’ennemi. Elle présente les ADF/NALU comme ayant vécu dans la région de Beni depuis 25 ans, c’est-à-dire, pendant toute une génération. Que les ADF/NALU auraient conclu des mariages avec les Congolais pour expliquer une descendance NALU qui serait plus congolaise qu’ougandaise. On ne serait donc pas étonner d’entendre parler dans les jours qui viennent d’un plan de cohabitation Nande-ADF/NALU. Les retournés de l’Ouganda pourraient ainsi profiter de ce rapprochement historique pour réclamer des terres en Territoire de Beni parce qu’ils seraient nés d’un papa Nalu congolais et d’une mère ougandaise Nalu quelque part dans le maquis du Mont Ruwenzori mais a grandi à Mbarara en Ouganda. Les tracts attribués aux ADF/Nalu qui circulent à Beni contiennent des allusions à cette possibilité dans un proche avenir. Le fait que ces tracts aient été lus à plusieurs radios locales de Beni à la veille de la visite du Ministre de la Défense congolais Mwando Simba et du Chef d’Etat Major Général Didier Etumba à Beni-Lubero n’est pas passé inaperçu dans l’opinion locale. En effet on a vu les Opérations Ruwenzori s’essouffler après avoir déplacé des milliers des congolais de leurs terres et avant d’en découdre avec les ADF-NALU qui au contraire paraissent plus défiants qu’avant les opérations.
L’accusation selon laquelle les ADF/NALU seraient des musulmans alliés aux Mai-Mai et à la défunte armée du RCD-K-ML de MBUSA NYAMWISI, leader politique de Beni-Lubero fait aussi son chemin. Certains ONG locaux à la solde de l’occident comme GADHOP continuent de la répandre allant jusqu’à publier que le Commandant EUSTACHE ancien du RCD-K-ML qui est affecté aux Services des Opérations de la Huitième Région Militaire à Goma et qui participe actuellement aux Opérations Ruwenzori en cours serait en même temps un des commandants des ADF-NALU. S’agit-il du même EUSTACHE qui est visible à Beni au bureau de l’Etat Major de la Huitième Région Militaire ou de son double ? Il en est de même du Commandant AKULEMA qui a quitté le pays depuis plus de trois ans et que la manipulation de l’ennemi situe sans preuve au commandement d’une coalition ADF/NALU-MAI-MAI dans le massif du Ruwenzori !
En plus, la même manipulation de l’information met actuellement l’accent sur la religion musulmane des NALU. La connexion avec les musulmans préparerait ainsi le lien avec les combattants somaliens EL-SHABAAB soupçonnés dans les attentats du 11 juillet 2010 à Kampala pour mettre l’Est de la RDC sur la liste noire du Pentagone dans ses guerres dévastatrices contre le terrorisme ouvrant la voie au capitalisme du désastre. Un blog internet « Le Millénaire Info Plus » publié à partir de Kampala et de Bunia participe de cette désinformation en mêlant la propagande islamique à tous les événements actuels du territoire de Beni et de Kampala. La publicité gratuite de cette connexion islamique doit faire plaisir à Museveni qui se dit victime d’EL-SHABAAB pour se maintenir dans les bonnes grâces du Pentagone.
La récurrence de manipulation de l’information profite du silence de l’Etat sur ce qui se passe à l’Est de la RDC. Ainsi, l’ennemi meuble le silence de l’Etat congolais par sa propre propagande. Cette faiblesse pousse souvent les congolais à accuser Kinshasa de complicité de l’ennemi. En effet, les journalistes ainsi que les activistes des droits humains qui osent dire au grand jour la vérité sur terrain, sont assassinés dans des circonstances qui font planer la suspicion sur le régime de Kinshasa. Le cas de Floribert Chebeya qui a été assassiné dans les locaux de l’Inspecteur Général de la Police est encore frais dans la mémoire.
Ceci dit, pour vaincre les forces du mal active en RDC, et plus spécialement dans sa partie orientale, les congolais épris de paix doivent maitriser les circuits de l’information pour y détecter les faux et les vrais et prendre la résolution de communiquer eux-mêmes ce qu’ils vivent sur terrain avec preuves à l’appui.
En attendant ce jour, ces nouvelles manipulations de l’information sur la réalité sécuritaire de Beni-Lubero, peuvent être des signes avant coureur d’une nouvelle épisode de cette longue guerre d’agression et d’occupation que traverse l’Est du Congo depuis 1996, une guerre soutenue dans le temps et l’espace qui change sans aucun risque de rhétorique pour s’adapter à ses phases multiples. Beni-Lubero serait dans le collimateur d’une nouvelle phase consécutive au projet des retournés du Rwanda et de l’Ouganda dans la région. Si l’ennemi espère intégrer sans problèmes les retournés du Rwanda dans certains coins des Territoires de Rutshuru et de Masisi, cela n’est pas le cas pour les territoires de Beni et de Lubero où ce retour est perçu comme une déclaration de guerre et un crime de lèse-majesté pour un peuple fier de lui-même et légaliste comme les Nande.
Certaines églises et certains leaders politiques et civils autoproclamés de Beni-Lubero qui auraient accepté en catimini de conduire cette intégration à bon port par la prédication de l’amour de Jésus pour le prochain, l’achat à leurs noms des plusieurs terrains d’accueil pour les retournés du Rwanda et de l’Ouganda, la manipulation des certaines radios communautaires locales et de certaines ONG locales pour faire taire les opposants au retour des retournés, etc. se trouveraient aujourd’hui entre deux chemins : trahir ou servir son peuple dans la vérité. Le fait que leur jeu malsain soit déjà découvert par d’autres couches plus représentatives de l’opinion à Beni-Lubero rend difficile leur entreprise et périlleux le projet des retournés du Rwanda et de l’Ouganda dans des villages qui n’ont jamais vu certains des leurs partir en exil.
Au lieu d’utiliser la voie de la transparence et du dialogue direct avec la base pour un problème aussi épineux, l’ennemi impatient de la réalisation de son projet machiavellique avant la rentrée scolaire de septembre privilégierait les armes et les matraques ! La voie de la démocratie que le pays avait adoptée en 2006 était pourtant la meilleure et la mieux indiquée pour pacifier l’Est de la R.D.Congo ainsi que tous les pays de la région des Grands Lacs !
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Kakule Mathe
Butembo
©Beni-Lubero Online





