





L’oppression qui a trop duré ainsi que le désespoir d’un peuple aboutissent un jour à la révolte. C’est qu’on peut dire du cas de la ville de Butembo où l’insécurité et l’impunité ont élu domicile sous le regard complice des chefs militaires au point de provoquer la colère du peuple qui jure désormais de se prendre en charge.
Depuis l’arrivée des militaires de la Deuxième Brigade à Butembo au mois de juillet 2006, la population locale n’a jamais eu de répit. Ses doléances aux agents de l’ordre ainsi qu’aux autorités politico-administratives sont restées lettre morte. En conséquence, cette population meurtrie commence à se prendre en charge pour assurer sa propre sécurité.
Dans la nuit de samedi à dimanche dans le Quartier Matanda et Kalimbute, deux voleurs armés portant des tenues militaires avaient réussi à user de leur force pour extorquer des téléphones portables et une somme importante d’argent aux passants. Ne se doutant de rien, ces deux malfrats sont restés trop longtemps sur le lieu du crime espérant peut-être augmenter leur cagnotte au passage d’autres victimes. Mais cette nuit-là, à la place des pauvres victimes souvent dépouillés comme des agneaux par des hommes en armes, c’est une foule en furie qui épiait le mouvement de ces deux malfrats qui d’un coup a resserré son étau autour d’eux jusqu’à les maitriser. Devant une foule immense des habitants du quartier, les deux malfrats ont déposé leurs armes pour tenter de négocier leur salut. Comme on dit souvent que la foule n’a pas d’âme, devant le coup de filet qu’elle venait de réaliser en désarmant ceux qui font le beau temps et la pluie dans la région, elle est entrée trop vite dans la liesse populaire oubliant que ces malfrats avaient sur eux d’autres armes, à savoir, les téléphones. Un d’eux réussi sous l’œil distrait de la foule à alerter des militaires en patrouille ou en vagabondage dans la ville. Ces derniers ne tardèrent pas à arriver sur le lieu pendant que la foule en furie discutait encore sur la justice à réserver aux malfrats coupables de vol et d’insécurité. Au lieu de négocier avec la foule, ces militaires venus à la rescousse de leurs camarades ont tiré à l’air pour tenter de disperse cette foule immense. Mais c’était sans compter avec la détermination de cette foule décidée à se prendre en charge en matière de sécurité. Un des malfrats réussira tout de même à s’échapper pendant la débandade provoquée par les coups de feu tires à l’air par les militaires venus à la rescousse de leur camarade. Ayant constaté la militarisation de l’opération de sauvetage, la foule s’est acharné contre le malfrat qui n’avait pas réussi à s’enfuir jusqu’à ce que mort s’en suive.
Réalisant que tout le quartier se chauffait de partout pour en découdre avec les militaires, ces derniers ont tiré à l’air pour accéder au cadavre de leur camarade avant de l’emmener avec eux à une destination inconnue.
La population du quartier Matanda et Kalimbute a dit vouloir donner, par cet acte de bravoure, un signal fort à ceux qui ont la sécurité sous leur responsabilité, que désormais elle se prendra en charge contre quiconque violera sa quiétude.
Fallait-il en arriver jusque-là ! Où sont passés ceux qu’on appelle autorités militaires de la Deuxième Brigade, les membres du conseil urbain de sécurité, les autorités politiques pour que la population en arrive à se prendre en charge avec des méthodes non démocratiques ? Quand la population se fait justice, cela est un signe de l’absence de l’Etat. Le vagabondage des militaires armés qui tuent, volent, violent, et pillent les paisibles congolais, est un autre signe de l’absence de l’Etat. En conséquence, les élus à tous les niveaux de la machine étatique en commençant par le Président de la République, sont interpellés par cette anomie qui s’observe non seulement à Butembo mais aussi sur toute l’étendue du territoire national. Si cette situation perdure, il n’y aurait plus qu’à appliquer la constitution congolaise en la matière en l’encontre des élus à tous les niveaux et dont l’incapacité à diriger et à sécuriser les personnes et leurs biens s’étale du jour au lendemain au grand jour!
Kakule Mathe
Butembo
Beni-Lubero Online





