





L’Association Nationale des Infirmiers au Congo (ANIC en sigle) a annoncé avec douleur le viol et l’assassinat ignoble de l’Infirmière A2 Masika Kyokwe Desanges (38 ans) dans la journée de mercredi 23 septembre 2009 à Kirumba, au Sud du Territoire de Lubero, par une dizaine de militaires qui se disent CNDP/FARDC. Desanges était enceinte de 5 mois d’après les résultats de l’autopsie, raison pour laquelle d’aucunes parlent d’un double assassinat. Desanges était infirmière au Centre de Traitement Psychiatrique de Kirumba depuis 18 mois. Avant son affectation à Kirumba, elle avait travaillé pendant 8 ans au Centre de Traitement Psychiatrique MUYISA appelé communément « Chez Maneno », Quartier Muchanga, Commune de Bulengera, Ville de Butembo.

RIP
Feu Masika Kyokwe Desanges (1971-2009)
D’après plusieurs témoignages concordants, Mademoiselle Desanges était parti de son Centre pour se ravitailler en médicaments dans la cité de Kirumba, dans la journée de mercredi 23 septembre vers 13 heures, heure locale. Son Centre de Santé se trouve à environ 3 km du Quartier Commercial de la cité de Kirumba. Cette sortie sera sans retour car elle ne reviendra plus à son lieu de travail. Le lendemain matin, soit le Jeudi 24 septembre, après une nuit de recherche par ses collègues de service, une source militaire donnera la triste nouvelle qu’un corps d’une jeune maman aurait été trouvée sans vie près de Kayna par des militaires lors de leur patrouille nocturne. Le cors inerte de Desanges était dans une brousse non loin de la route, nue, étranglée et avec beaucoup de blessures au couteau sur son corps. Ses collègues de service tentaient en vain de la joindre au téléphone sans succès. Le répondeur automatique disait que son téléphone était éteint soit hors du périmètre. Hélas ! Desanges était elle aussi éteinte et hors du périmètre de la vie.
Les circonstances exactes de son viol et de son assassinat restent inconnues. Mais comme dans les villages Nande rien ne se passe sans que les hommes le sachent, certains habitants de Kirumba ont raconté avoir vu Mademoiselle Desanges escortée par une dizaine des militaires en uniforme Fardc. D’autres habitants ont dit qu’un groupe des militaires l’auraient intercepté à la sortie de la Pharmacie et l’auraient réquisitionné de force pour qu’elle aille soigner leur camarade à l’agonie. Mais en réalité ces militaires l’amenaient à l’abattoir où 7 millions des congolais ont été égorgés dans des circonstances similaires pendant les 13 dernières années. Ce qui est choquant et provocateur c’est le fait que, selon les mêmes témoins de l’enlèvement en plein jour de Desanges, les militaires qui avaient annoncé sa mort au petit matin étaient les mêmes qui l’avaient enlevé la veille. Une enquête simple aiderait à inculper ses tueurs en tenue militaire qui, depuis une semaine, ne se cachent plus ! Les crimes qu’ils commettaient nuitamment, ils les commettent aujourd’hui en plein jour. C’est là tout un symbole que quelque chose de nouveau se passe sur terrain ! Les tueurs semblent ne plus avoir peur d’officialiser leur occupation du terrain. L’incendie du village de Vukununu en pleine journée par 300 militaires est encore frais dans la mémoire collective beniluberoise.

Le corps de Desanges dans la Chapelle de l’Avenue BUYORA ( Butembo)
Celle qu’on appelait « Made Desanges » (Mademoiselle Desanges) et qui avait soigné plusieurs malades mentaux y compris des militaires, est ainsi morte de mort tragique, assassinée par ceux qui se disent agents de l’ordre ! Notez que l’assassinat de Desanges est le nième assassinat de ce genre perpétré par les militaires CNDP/FARDC. Les appels au gouvernement pour relever les militaires CNDP/FARDC du Nord-Kivu sont restés lettre morte. Au lieu de venir en aide à cette population meurtrie, le gouvernement de Kinshasa dit partout que la paix est revenue au Nord-Kivu. On peut ainsi parler de non assistance à une population en danger de mort. Il y a déni de justice et de protection des civils par le gouvernement central. Comme disait Martin Luther King, Jr, « une justice longtemps retardée, est une justice refusée » (Cfr. Lettre de la Prison de Birmingham). A la question de savoir à quel niveau se trouve le blocage de machine étatique Rdcongolaise, les autorités territoriales et provinciales du Nord-Kivu rejettent la responsabilité au gouvernement central. En effet, d’après la Constitution congolaise de 2006, l’armée, la police et les services de securité (ANR, DEMIAP, etc.) dépendent directement du pouvoir central. Un gouverneur de province n’a pas le pouvoir de faire muter un policier ou un militaire qui se distingue par des crimes de toutes sortes. C’est comme cela que la Constitution dite de « Liège » avait centralisé le pouvoir militaire entre les mains d’un seul autocrate pour pouvoir prendre les congolais en otage et casser leur résistance aux rwandais et aux ougandais !
Desanges était originaire de l’Avenue Beni, Commune de Kimemi, Ville de Butembo. Née en 1971, elle avait deux enfants. Diplômée de l’ISTM/Butembo, Promotion 1996-1997, elle a travaillé pendant 8 ans au Centre de Santé Psychiatrique Muyisa, appelé communément « Chez MANENO ». Depuis 18 mois, elle était détachée pour le Centre de Traitement Psychiatrique de Kiruma initié par Mr Maneno, infirmier psychiatre de grande renommée partout à Beni-Lubero. Sa mission consistait à rendre service aux malades mentaux dont le nombre s’est accru dans ce coin du Nord-Kivu où l’occupation rwandaise traumatise beaucoup la population. Depuis son arrivée à Kirumba, Mademoiselle Desanges faisait un travail très apprécié par la population au point de se faire un nom dans toute la contrée. Comme on le sait déjà, les occupants qui se cachent tant bien que mal sous l’étiquette FDLR, font de leaders, chefs coutumiers, de personnes influentes leurs cibles privilégiées, avec comme but de casser l’âme et le dynamisme du peuple Nande. Made Desanges est ainsi devenue la cible des forces d’occupation parce qu’elle faisait bien son travail, ramenant à la vie ceux que les occupants veulent tuer pour prendre possession de la terre de leurs ancêtres.

Desanges devait prendre son congé annuel le mercredi 30 septembre ! Les occupants l’ont tué juste une semaine avant son congé annuel. Qu’elle repose à jamais dans l’au-delà du Très-Haut !

Les responsables de la Zone de Santé de Kayna ont ramené le jeudi 24 septembre vers 20h00 la dépouillé mortelle de Desanges chez elle au Numéro 21, Avenue Beni, C/Kimemi, Ville de Butembo, où le deuil se tient.

Le matin de ce 25/09/2009, le corps a été exposé dans la chapelle catholique de l’Avenue Buyora, où des nombreux membres de famille, son employeur Maneno, amis, voisins de quartier, anciens malades, et connaissances sont venus rendre un dernier hommage à celle qui avait rendu d’énormes services à la communauté. La colère de tous devant cette mort ignoble était visible.
L’enterrement a eu lieu aujourd’hui Vendredi 25 septembre au Cimetière de Kitatumba. La participation massive infirmiers en blouse blanche était très visible.
Kakule Mathe
Butembo
Beni-Lubero Online





